Bac et ramadan, le double défi des lycéens musulmans
Comme en 2015 et en 2016, les épreuves du bac tombent pendant le ramadan, qui cette année a débuté le 27 mai 2017. Pour les lycéens musulmans, difficile de concilier les deux mais pas impossible, ni totalement obligatoire, selon certaines instances religieuses.
Le 15 juin 2017 est dans la tête de tous les lycéens de terminale. À cette date démarrent les épreuves du bac pour plus de 690.000 candidats. Un défi de plus pour les musulmans, en plein ramadan depuis le 27 mai. Pendant un mois complet, ils doivent s’abstenir de manger et boire, de l’aube jusqu’au coucher du soleil. Soit pendant 18 heures environ (de 3 h 50 jusqu’à presque 22 h) pour respecter le quatrième des cinq piliers de l’islam.
S'hydrater et bien dormir
Conjuguer le ramadan et les révisions demande de l’organisation. Saïm Abdelkader, professeur de SVT au lycée musulman Averroès, à Lille, conseille à ses élèves de faire attention à leur alimentation. “Je leur demande de ne pas négliger le repas de la nuit, de se réveiller pour manger et de bien s’hydrater.”
L'enseignant préconise des siestes de 45 minutes au maximum en journée et de ne pas passer ses nuits à travailler. “Le sommeil est plus réparateur la nuit, donc il ne faut pas réviser trop tard”, rappelle-t-il. Pour autant, “certains élèves peuvent entamer une phase de travail après le repas du matin [aux alentours de 3 h] avant de dormir à nouveau”, ajoute l’enseignant de terminale.
Le plein de potages
Pendant les examens, le docteur Alain Delabos, auteur du livre “Bien se nourrir pendant le ramadan de l’été”, donne également quelques conseils pour vivre cette période stressante pour beaucoup de lycéens. “La première journée du bac, il faut dîner léger et se coucher le plus tôt possible de façon à pouvoir manger en quantité importante le matin (vers 2 h 30), avant la reprise du jeûne.” Côté aliments, le médecin incite les futurs bacheliers à préférer les potages et les plats composés de sucres lents et à boire de l'eau riche en sels minéraux.
Un autorisation de ne pas jeûner ?
Pendant le bac, le CFCM (Conseil français du culte musulman) déconseille aux lycéens de faire l’impasse sur le rite du ramadan. “Passer un examen n’est pas une raison valable pour abandonner le jeûne, qui est une prescription religieuse très importante”, justifie Anouar Kbibech, son président. Une consigne discutée, puisque le CTMF (Conseil théologique musulman de France), une commission proche de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), a publié une “fatwa” (un avis juridique religieux) autorisant les étudiants en période d’examens à faire abstraction du jeûne. “À tout moment, un étudiant peut utiliser cette autorisation pour se passer du ramadan. Il n’y a pas de transgression à l’islam”, affirme Lhaj Thami Breze, chargé de l’éducation et de la formation à l’UOIF.
Selon les récentes études d’opinion, le ramadan est suivi par plus de 70 %, voire 80 %, des musulmans de France. Et peu de lycéens suivent la dérogation du CTMF. “Les jeunes pensent manquer à leur devoir s’ils ne font pas le ramadan”, explique Lhaj Thami Breze, qui fut président de l’UOIF pendant 17 ans.
Contrairement au Royaume-Uni où les horaires des épreuves de fin d’année sont adaptés aux musulmans pratiquants, l’Éducation nationale, en France, n’autorise aucune dérogation au motif religieux, quelle que soit la religion. À chacun de trouver sa réponse.