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Décryptage

Réforme du collège et EPI : ce que les profs vous préparent

mappemonde, livres et équerre
Les enseignements pratiques interdisciplinaires seront mis en place pour la première fois en septembre 2016. © Fotolia
Par Laura Taillandier, publié le 25 avril 2016
1 min

Partir sur les traces d'Harry Potter, faire de la réalité augmentée... Les enseignements pratiques interdisciplinaires débarquent à la rentrée 2016 dans le cadre de la réforme du collège. La plupart des enseignants sont déjà au travail pour préparer ces nouveaux cours. Illustration.

Ça cogite en salle des profs. Depuis le début de l'année 2016, les enseignants travaillent sur les nouveaux cours prévus par la réforme du collège : les EPI. Ces enseignements pratiques interdisciplinaires seront mis en place pour la première fois en septembre 2016, à partir de la classe de cinquième. Le principe : un même projet travaillé dans plusieurs matières et donc avec plusieurs professeurs. 

EPI : pas de formule type

"L’idée est que les élèves travaillent sur des choses concrètes, que ce soit eux qui produisent et qu’ils aient envie d’apprendre", résume Marie-Christine Bonneau-Darmagnac, professeure d’histoire-géographie au collège Jules-Verne à Buxerolles, près de Poitiers (86). Les EPI doivent donner lieu à une production finale que vous pourrez présenter à l'oral du brevet l'année prochaine.

Pas de formule type pour l'organisation des cours. Chaque établissement définit les thèmes à travailler et les matières impliquées. "Certains collèges proposeront 6 EPI, d'autres 8. Parfois, ce sera 2 heures de cours par semaine, parfois 3 heures... Sur tout un trimestre ou même un semestre... C'est très variable selon les établissements", observe Lysiane Gervais, principale du collège Aliénor-d'Aquitaine à Bordeaux (33) et membre du SNPDEN, un syndicat représentant les chefs d'établissement.

Les professeurs peuvent travailler ensemble dans un même cours ou intervenir chacun leur tour sur l'EPI.  "Pour ma part, j'y consacrerai 1 heure tous les 15 jours pendant un trimestre, témoigne Marie-Christine Bonneau-Darmagnac. J’ai hésité à travailler les EPI sur tous les cours pendant 3 semaines mais j’avais peur de lasser mes élèves. Je préfère varier."

8 thématiques sont proposées aux établissements : transition écologique et développement durable ; corps, santé, bien-être et sécurité ; culture et création artistiques ; information, communication, citoyenneté ; sciences, technologie et société ; langues et cultures de l’Antiquité ; langues et cultures régionales et étrangères ; monde économique et professionnel.

Sur les traces d'Harry Potter

Certains enseignants ont misé sur l'orginialité pour leur EPI. Au collège Daniel Argote, à Ortez (64), les profs de français et d'anglais ont choisi comme thème le célèbre sorcier, Harry Potter. "Travailler sur ce sujet permet de faire découvrir un système scolaire différent, la magie fait travailler l'imaginaire", décrypte Aurore Coustalat, la prof d'anglais. "On propose aux élèves de cinquième un jeu de rôle. Guider un personnage jusqu'à Harry Potter avec, à chaque fois, une mission à accomplir en petits groupes pour avancer sur le parcours", explique Marie Soulié, l'enseignante de français. null

Un exemple d'EPI sur Harry Potter pour une classe de cinquième. // Capture d'écran

Parmi les missions : créer des tableaux et GIF animés sur iPad, rédiger un article sur la gazette du sorcier, réaliser un journal télévisé sur un match de quidditch... Les cours seront soit en anglais, soit en français selon le choix des élèves et une exposition est prévue en fin d'année scolaire.

De la danse en cours de français

Et si vous esquissiez un pas de danse en cours de français ? Au collège du Touvet dans l'académie de Grenoble, les professeurs de lettres modernes, EPS et arts plastiques ont construit un EPI autour de la danse. L'idée est de traduire des textes par le corps et de monter un spectacle. 

Un exemple d'EPI en classe de troisième. © FOCUS Grenoble, Vimeo.

Au collège Jules-Verne, près de Poitiers, les élèves plancheront eux sur le mont Saint-Michel ou encore Gustave Effeil. Marie-Christine Bonneau-Darmagnac a préparé trois EPI différents pour ses classes de quatrième et troisième. Le premier portera sur les progrès de l’aviation pendant la guerre et sera travaillé en histoire et en technologie. Les élèves devront rédiger des petits textes explicatifs pour un site Internet collaboratif. Un voyage scolaire à Paris est prévu au musée de l’Air et de l’Espace.

L'enseignante a élaboré un autre EPI sur le mont Saint-Michel avec la professeure de SVT. Les collégiens réaliseront un journal gratuit de 4 pages à destination des touristes avec des QRcodes renvoyant vers des explications supplémentaires.

Au menu du dernier EPI : création d'un blog de classe sur Gustave Effeil. "Dans mes cours, les élèves rédigeront sa biographie puis recenseront l’ensemble de ses ouvrages. Le professeur de technologie a prévu de faire de la réalité augmentée. Le professeur d’arts plastiques pourra aussi intervenir sur le patrimoine ; le professeur de sciences physiques sur l'impact des pluies acides sur les ouvrages…", relate l'enseignante. De quoi varier les plaisirs. 

Les EPI ne font pas l'unanimité chez les profs

Tous les enseignants ne soutiennent pas la mise en place de ces nouveaux cours. Certains y voient la disparition du latin et du grec. Ces professeurs auraient préféré une augmentation des horaires de chaque discipline. D'autres craignent que les élèves ne reçoivent pas le même enseignement vu que chaque collège répartit comme il le souhaite une partie de son emploi du temps entre l'accompagnement personnalisé des élèves et les EPI. 

"L'interdisciplinarité est quelque chose de complexe, qui suppose d'avoir déjà de solides acquis scolaires. Elle devrait intervenir plus tard qu'en cinquième et de manière plus progressive", estime Frédérique Rolet, professeure de lettres et secrétaire générale du Snes-FSU, syndicat majoritaire chez les enseignants du second degré. Elle regrette que l'intersciplinarité soit "toujours associée" à la construction d'un projet et aurait souhaité, à la place, l'introduction de notions communes à plusieurs disciplines dans les programmes scolaires.

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