Les 5.500 étudiants de l'UFR de lettres et sciences humaines de l'université de Rouen devraient enfin faire leur rentrée lundi 25 septembre 2017. Le 18 septembre 2017, date officielle du début de leur formation, élèves et enseignants de la fac s'étaient mobilisés pour dénoncer "le manque de salles et l'absence d'inscriptions pédagogiques des étudiants", deux facteurs rendant impossible le début des cours. "Environ 800 étudiants étaient présents", déclare Rémy Léger, étudiant en première année de master de géographie et élu au conseil de gestion de l'UFR.
Le problème des salles résolu
Quelques jours après cette mobilisation, "ces problèmes ont été en partie réglés", en particulier la question des salles, assure Joël Alexandre, président de l'université de Rouen. "Malgré la fermeture d'un bâtiment, à l'échelle de l'établissement, le ratio étudiant par mètres carrés reste correct. Il faut néanmoins modifier des habitudes de travail : dans certaines formations, les cours se concentrent sur deux jours, ce qui ne permet pas une utilisation optimale des locaux." Le président de l'université de Rouen compte également sur la solidarité entre UFR, afin que les salles vides d'une faculté puissent être utilisées par les autres composantes de l'université.
De fait, admet Laurent Lemarchand, enseignant-chercheur au sein du département d'histoire, très engagé dans la mobilisation, "le problème des salles est moins grave que prévu, mais la situation n'est pas optimale pour les étudiants".
Certains d'entre eux devront marcher 10 à 15 minutes entre deux cours, avec le risque d'arriver systématiquement en retard. D'autres encore auront cours de 8 heures à 18 heures, sans pause déjeuner. "Ce ne sont pas de bonnes conditions d'études", conclut Laurent Lemarchand.
Le logiciel Apogée au cœur des difficultés
Si des solutions sont en passe d'être trouvées pour la gestion des salles, un autre problème est apparu au cours de la semaine. Celui des inscriptions pédagogiques, permettant aux étudiants de choisir leurs options, groupes de TD et d'amphis, et donc d'avoir un emploi du temps finalisé.
Ces inscriptions ont été automatisées via le logiciel Apogée depuis plusieurs années. Sauf qu'en cette rentrée 2017, l'université de Rouen met en place sa nouvelle offre de licences : les cursus ont été construits suivant le principe de la spécialisation progressive, de façon à ce que les étudiants s'orientent petit à petit, en découvrant plusieurs disciplines.
Ils doivent ainsi choisir une majeure au sein de leur département d'inscription (par exemple, histoire) et deux mineures au sein des autres départements de la fac (géographie et lettres). À force de rentrer des paramètres supplémentaires dans le logiciel Apogée, plus personne ne semble réussir à le maîtriser. D'autant plus que, parallèlement, le nombre d'étudiants en licence a augmenté de 20 % en cinq ans, avec 1.000 étudiants supplémentaires à la rentrée 2016 et 600 de plus en septembre 2017.
Toutes les implications de la réforme des licences n'avaient pas été anticipées au niveau informatique.
(J. Alexandre)
"Toutes les implications de la réforme des licences n'ont pas été anticipées au niveau informatique et nous avons pris du retard", admet Joël Alexandre, qui souligne la "complexité" de l'UFR de lettres, qui compte douze départements.
Un manque de personnels
Finalement, l'université a dû composer les groupes d'étudiants manuellement et n'a pu ouvrir les inscriptions pédagogiques pour les étudiants de L1 que jeudi 21 septembre 2017. En règle générale, ces inscriptions sont ouvertes pendant les deux semaines qui précèdent la rentrée...
"La situation est par ailleurs plus compliquée pour les étudiants en L2 et L3" précise le président de l'université. Leurs inscriptions devraient ouvrir au cours de la semaine du 25 septembre 2017. Mais, ajoute-t-il, les étudiants possèdent l'emploi du temps général et "rien ne les empêche de suivre les cours, même en l'absence d'inscriptions pédagogiques".
"Le risque, souligne Laurent Lemarchand, est que les étudiants se retrouvent à 40 dans une salle faite pour 20." Surtout, insiste l'enseignant-chercheur, les difficultés informatiques dissimulent un manque de personnels au sein de l'université. "La personne qui s'occupait d'Apogée dans notre UFR est partie en congé maternité en février. Elle a été remplacée par un vacataire qui n'a pas été formé et encadré. Comment voulez-vous qu'il s'en sorte ? " s'insurge-t-il.
D'autant plus que les difficultés administratives ne représentent que la partie immergée de l'iceberg, alerte-t-il : "Une fois que les cours vont reprendre, c'est au manque d'enseignants que les étudiants vont être confrontés."