Des étudiants d'un nouveau genre vont arriver sur les campus : les Pokémon. À la rentrée, les établissements d'enseignement supérieur devront gérer la folie Pokémon Go, ses attroupements, ses chasses aux monstres virtuels virant parfois à la cohue.
des Phénomènes d'attroupement
À la sortie du jeu, en juillet 2016, des universités sont devenues des points d'intérêt sur la carte virtuelle. Une arène de combat a été ainsi implantée au cœur de l'université de Perpignan-Via-Domitia. "Les services de sécurité sont alertés sur le phénomène", rassure le service de communication de l'UPVD, qui n'a pas connaissance, pour l'instant, de mesures prises pour "gérer les attroupements" s'ils se manifestent.
Le 25 août, les personnels de l'UFR de droit de l'université de Bretagne occidentale, à Brest, ont abordé le sujet lors d'une réunion de rentrée. Résultat ? Les désordres seront gérés "comme n'importe quel trouble, comme des perturbations des cours magistraux", explique, dans un tweet exaspéré, une maître de conférences en droit public. "Le phénomène existe en tant que source potentielle de perturbation, de ce fait il doit être appréhendé en tant que tel", nous explique cette professeure. "Si les CM [cours magistraux] sont perturbés cela peut entrainer des sanctions disciplinaires, idem en cas de comportements dangereux."
Sur les réseaux sociaux, beaucoup d'enseignants jugent le débat superficiel.
Faculté de droit: réunion de rentrée: ordre du jour: comment gèrer la chasse aux pokémons #voilà
— Sandrine Biagini (@BiaginiSandrine) 25 août 2016
des Intrusions de personnes extérieures
Le problème, c'est que Pokémon Go fonctionne de façon aléatoire. Et les irruptions de bêtes virtuelles dans le monde réel ne sont pas sans provoquer quelques difficultés. Sur un campus de l'International University de Floride, l'apparition d'un monstre rare a entraîné le déferlement d'une horde d'étudiants. Inquiet de l'arrivée de dresseurs importuns, l'ossuaire de Douaumont a obtenu d'être "déréférencé" du jeu via une demande expresse à Niantic Labs, l'éditeur du jeu. La ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, veut faire de même, et demande à l'entreprise de jeu vidéo d'assurer qu'il n'y ait aucun Pokémon rare dans les établissements scolaires.
Mais d'autres périls sont pointés, qui concernent autant pour les lycées que pour les facs. Sur Rue89, le proviseur d'un lycée d'Angoulême raconte même comment il redoute "l'intrusion d'éléments extérieurs" dans son établissement, devenu un Pokéstop, un lieu où trouver des bêtes et se ravitailler. "Dans ce contexte sécuritaire, cela risque de créer des problèmes", confie-t-il.
UN campus mis en valeur
Interrogée à ce propos, l'université Paris 13 prévient : "Nous avons des filtres et des contrôles à l'entrée du campus" et assurer "ne pas s'inquiéter des attroupements, car nous avons un grand campus". Plutôt que de considérer le jeu du seul point de vue sécuritaire, l'administration de Paris 13 se résout d'ailleurs à en tirer parti. "Il y a une arène sur le campus de Villetaneuse, un Pokéstop sur celui de Bobigny. Nous nous servons de la chasse aux Pokémon pour faire découvrir le campus", mais aussi à redorer l'image "stigmatisée" d'une "université de banlieue".
Première attraction, des Pokémon ont été disséminés sur le site de l'établissement, incitant les étudiants-internautes à en faire des captures d'écran. Deuxième idée, "Cette année, la visite du campus proposée par les archivistes inclut l'arène Pokémon. Elle est située sur une tour qui s'éclaire au solstice d'été, ça permet de visiter un lieu du 1 % artistique". Le reste est laissé à la discrétion de l'enseignant : "S'il ne veut pas de téléphone dans son cours, il peut l'interdire".
Il y a une arène à Villetaneuse, un Pokéstop à Bobigny. Nous nous servons de la chasse aux Pokémon pour mieux communiquer. (Le service de communication de Paris 13)
Le pari du déclin
Qui plus est, les universités s'appuient sur la diminution du nombre de joueurs quotidien, comme l'ont souligné plusieurs médias – tout en relativisant ce déclin. Misant sur cette baisse, l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne renonce à se mettre en branle. "Aucune mesure officielle n'a été prise pour le moment, considérant que, d'ici à la rentrée, le phénomène aura encore diminué", explique-t-elle. Pour l'heure, la communication de l'université à ce sujet se borne à quelques tweets. "Pour le moment, les seules actions entreprises devraient se limiter à cela", abonde le responsable des relations publiques. La légèreté, une bonne solution ? Réponse à la rentrée.
Quand Krabby fait son entrée à la Sorbonne https://t.co/4I6uw94rYp#PokemonGo pic.twitter.com/xRUEnwFYIc
— Université Paris 1 (@SorbonneParis1) 9 août 2016