Un trépied, un smartphone, un compte Facebook et pas trop de mouvements, parce que le rayon de la caméra est un peu faible. C'est à l'aide de ce dispositif rudimentaire que Bruno Dondero, professeur à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, qui a déjà créé plusieurs Mooc, diffuse désormais en direct son cours magistral de L3 sur le droit des sociétés. Transmise sur Facebook Live, la vidéo permet de suivre son cours comme en amphi.
Démocratiser l'université
"Pour l'heure, il ne s'agit que d'une expérimentation, mais si celle-ci se développe, une bibliothèque de vidéos pourrait se constituer sur Facebook, permettant une démocratisation de l'université et une diffusion du plus large des savoirs, souligne l'agrégé en droit des affaires. Ce qui me plaît, c'est de donner accès aux cours à des personnes qui ne sont pas inscrites à l'université, pour leur faire connaître ce qu'on y fait."
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Pour le professeur, auteur de "Droit 2.0", ouvrage qui s'interroge sur l'enseignement du droit au 21e siècle, il est possible d'utiliser intelligemment le numérique à l'université, sans être technophile, comme le redoutent les auteurs du "Désastre de l'école numérique". "Un cours d'amphi filmé, avec une possibilité de replay, c'est devenu essentiel pour l'étudiant", explique Bruno Dondero. Pour revoir le cours, compléter ses notes ou repasser un passage obscur.
Et même si le professeur est encore le seul à Paris 1 à adopter cette pratique, son établissement se montre enthousiaste. "Nous sommes toujours à la recherche de nouveaux moyens pour améliorer l'expérience de nos étudiants, mais aussi assurer la diffusion plus large des savoirs, une des plus belles missions de l'université", affirme Guillaume Simiand, le chargé de mission pour la communication numérique de l'université.
Enrichir le débat avec les commentaires en direct
Ce système d'enregistrement puis de stockage (via le replay) possède son lot d'avantages pédagogiques, selon Bruno Dondero. En particulier la possibilité pour les spectateurs de réagir en direct et d'apporter leur pierre à la discussion. "J'ai des commentaires et des questions posées sur Facebook par des personnes qui n'étudient pas toujours le droit, des questions de praticiens, c'est intéressant, cela vient enrichir le débat", confie-t-il.
Autre intérêt, la diffusion en ligne résout certains problèmes liés à la présence, ou à l'absence, des étudiants en cours. L'amphi IIB du centre Panthéon, où Bruno Dondero dispensait, mardi 19 septembre, son cours sur les clauses léonines, est bondé. Les étudiants qui n'ont pas trouvé de place doivent se rabattre sur les bancs latéraux.
"Si on ne peut pas dire qu'il y a un problème excessif de place, qui ferait que l'amphi deviendrait inaccessible, ce système est tout de même pratique pour pouvoir rattraper les cours", souligne l'enseignant. Ou pour ceux qui craignent de ne pas trouver de place, d'y assister depuis chez eux.
Et ça marche : la première vidéo de Bruno Dondero culmine à 25.000 vues. Les autres dépassent toutes la barre de 1.000 consultations dès la première heure.