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Affaire des "faux étudiants chinois" : l’Ispem ferme ses portes

Baptiste Legout Publié le
Affaire des "faux étudiants chinois" : l’Ispem ferme ses portes
Beaucoup d'étudiants étrangers étaient venus étudier à l'Ipsem en FLE. // ©  Hamilton / R.E.A
Clap de fin pour l’Ispem. Un peu plus d’un mois après l’arrestation de son directeur, accusé d'avoir mis en place une filière d’immigration frauduleuse, l’école de commerce et de FLE parisienne ferme ses portes, laissant plus d’un millier d’étudiants sur le carreau.

Dans la tourmente depuis l’arrestation, en décembre 2015, de son directeur, soupçonné d'avoir mis en place un vaste système d'immigration frauduleuse ciblant la Chine, l’Ispem n’aura finalement survécu que quelques semaines.

Dès la rentrée de janvier 2016, les étudiants ont eu la mauvaise surprise de voir leurs cours annulés les uns après les autres. "En l’absence de direction, aucun contrat n’a pu être renouvelé. Ne sont restés que trois enseignants en CDI, insuffisants pour assurer les cours", témoigne Claire*, une des représentantes des élèves de FLE (Français Langue Étrangère).

Le 15 janvier 2016, le tribunal de grande instance de Paris a nommé un administrateur judiciaire provisoire. Cinq jours plus tard, ce dernier communiquait aux étudiants et professeurs sa décision de fermer l’école et de saisir le tribunal afin que soit nommé un liquidateur judiciaire. Celui-ci doit statuer dans les prochains jours. Contacté par EducPros, l'administrateur judiciaire n'a pas donné suite.

les étudiants étrangers en situation précaire

Entre les élèves de l’école de commerce, les BTS et la filière FLE, ce sont plus de 1.000 étudiants qui se retrouvent privés de formation. "Nous sommes des victimes, jetées dans la rue", s’insurge Sophia*, étudiante en FLE à l'Ispem. Pour elle et ses camarades, les inquiétudes sont nombreuses.

Abandonnés en pleine préparation de leur BTS, les étudiants français s’organisent tant bien que mal pour trouver des établissements d’accueil. Et se font peu d’illusions sur leurs chances de réussir l’examen.

Du côté des étudiants étrangers, la situation se révèle plus précaire encore. Originaire d’outre-Atlantique et souhaitant changer de vie, Véronique* est arrivée en France avec ses enfants l’année dernière et s’est inscrite à l’Ispem pour apprendre la langue de Voltaire.

Aujourd’hui, elle panique : "J’ai rendez-vous fin février pour faire renouveler mon titre de séjour. Or, l’administrateur judiciaire refuse de signer nos attestations en l’absence d'un liquidateur."

Ses camarades en provenance des quatre coins du monde connaissent la même angoisse : "Même si l’école a participé à un trafic de faux étudiants, il y en avait aussi de vrais, nous ! " se désespère Claire*, très impliquée dans la défense des élèves.

Aucun remboursement possible

Autre préoccupation majeure : les frais de scolarité d’ores et déjà acquittés. L’école facturait de 3.000 euros à 5.000 euros selon la formation. Mais les caisses sont vides. Les professeurs assurent ne plus être payés depuis trois mois et l’administration a indiqué, lors d’une réunion aux élèves, qu’aucun remboursement ne serait possible. Certains avaient également souscrit à la mutuelle proposée par l’établissement et ont peur de se retrouver sans couverture sociale.

La colère laisse rapidement place à l’abattement. Comment cela a-t-il pu arriver ? se demandent les étudiants lésés. Plusieurs se sont laissés séduire par la plaquette de l’école. "Il était indiqué sur le site que l’Ispem était reconnu par le rectorat de Paris !" s’émeut Claire*. Une reconnaissance administrative qui n’a rien à voir avec la reconnaissance par l’État de l’école en tant qu’établissement d’enseignement supérieur.

Autre reproche fait à l’administration française : l’attribution, au mois d’octobre, du label qualité FLE, délivré par le ministère de la Culture et de la Communication, un mois avant que la police ne vienne perquisitionner.

Se sentant abandonnés autant par l’école que par l’État, malgré le soutien très marqué de certains professeurs qui cherchent des solutions de repli, les élèves de l’Ispem étudient actuellement toutes les actions juridiques possibles pour faire valoir leurs droits.

 *Par souci de confidentialité et à la demande de nos témoins, les prénoms ont été changés.

Baptiste Legout | Publié le