C'est la deuxième fois en deux ans que la chancelière perd un ministre pour cause de plagiat dans une thèse de doctorat. En 2011, le ministre de l'Economie, Karl-Theodor zu Gutenberg avait perdu le grade universitaire le plus en vue dans un pays qui ne connaît ni grandes écoles, ni agrégation. Partie intégrante de la personnalité, le titre de docteur est inscrit sur la carte d'identité.
Comme son prédécesseur, Annette Schavan relance, malgré elle, le débat sur l'authentification des thèses. Sans être aussi notoires, les cas de plagiats sont, à l'heure d'Internet de plus en plus dénoncés publiquement sans que les universités ne s'en émeuvent davantage. Une réelle opacité entoure les thèses en Allemagne : "Il est ainsi impossible de connaître le nombre de thésards actuels, ni le nombre de personnes abandonnant la rédaction de leur thèse", affirme le Pr. Stefan Hornbostel, directeur de l'institut iFQ (1) et auteur d'une étude révélant de grandes disparités dans la notation des thèses à travers le pays.
Pas de réforme en vue
L'Allemagne paierait-elle ainsi le prix du fédéralisme ? Relevant des Länder, l'enseignement supérieur est encadré par des législations propres et chaque faculté peut, elle-même, dicter ses propres procédures d'études doctorales. Une situation renforcée par le processus d'autonomie des universités du début des années 2000.
Alors, comment lutter contre le plagiat ? De nombreuses universités utilisent avec plus ou moins de succès des logiciels spécifiques. Mais pour le Pr. Hornbostel, ces logiciels contournables ne constituent pas la réponse aux plagiaires. Pas davantage que l'édiction de normes fédérales. En revanche, la communauté scientifique plaide en faveur de standards par discipline et d'un droit de regard d'experts scientifiques - voire étrangers - comme c'est déjà le cas en chimie, discipline dans laquelle 80% des étudiants présentent une thèse.
(1) Institut für Forschungsinformation und Qualitätssicherung, créé par la DFG, Deutsche Forschungsgesellschaft- la société scientifique allemande