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Forces et faiblesses d'APB selon l'Inspection générale

Sophie de Tarlé Publié le
Un rapport de l’Inspection générale de l’éducation nationale rendu public fin janvier analyse en profondeur l’orientation et la poursuite d’études des lycéens à partir de la procédure Admission post-bac.

Si le dispositif APB (Admission post-bac) donne largement satisfaction, il reste des marges de progression. Tel est la conclusion de l'Inspection générale qui s'est penchée, dans un rapport qui vient d'être rendu public, sur le fonctionnement du site admission postbac et a mené l'enqûete auprès des établissements concernés, des élèves et leurs parents. Aujourd'hui, trois quarts des bacheliers généraux et technologiques sont admis dans une filière de l'enseignement supérieur via APB. L'Inspection générale souhaite un élargissement des formations référencées sur le site et met en avant les principaux problèmes à résoudre.

Un système de classement des voeux mal compris

De nombreux candidats pensent qu'ils pourront choisir entre tous les établissements pour lesquels ils ont fait un vœu, et qui sont susceptibles de les accueillir. Et ils ne mettent pas forcément leur formation préférée en premier. Or au mieux, il ne leur sera fait qu'une seule proposition.

Ce que conseille le rapport : dire aux candidats de classer leurs voeux en fonction de leurs préférences, sans stratégie, car les établissements ne connaissent pas l'ordre de voeux des élèves.

Des règles d'accès en licence trop complexes

L'accès en licence ne suit pas toujours les règles d'APB, à savoir candidater partout en France, par exemple. En région parisienne par exemple,  l'admission se fait par tirage au sort, avec d'abord les candidats de l'académie, puis les candidats des académies proches, puis ceux du reste de la France. Et pour les licences dites "à capacité insuffisante" (droit, cinéma, audiovisuel, théâtre…), il faut obligatoirement faire six voeux de licence (sinon la candidature passe après les autres), et mettre la licence souhaitée en premier voeu. Comme cette procédure est contraire à la règle générale, les candidats et les enseignants sont un peu perdus.

Des double-licences qui court-circuitent APB 

Le rapport est particulièrement sévère vis à vis des universités, qui « ne respectent  pas l’étape de préinscription prévue par la LRU ». En effet, « de nombreuses universités ont mis en place des double licences. Ces filières sont à capacité très limitées (typiquement quelques dizaines d’élèves) et sont in fine sélectives. Leur accès se fait en général sur dossier, entretien ou épreuves. Certaines de ces filières recrutent via APB et, en ce sens, assurent la transparence nécessaire pour les candidats (on comptait 81 L1 à « modalités particulières d’admission » en Île de France au cours de l’année scolaire 2011-2012).

Mais, pour d’autres filières, le recrutement se fait hors APB, l’inscription étant gérée directement par l’université. Cette situation n’est pas acceptable, selon le rapport, car elle traduit un manquement à la loi. Par ailleurs, elle pourrait induire le recrutement « d’initiés », car l’information ne figurant que sur le site de l’établissement, elle ne bénéficie pas du même statut de transparence que celui des filières recrutant via APB.

Ce que conseille le rapport
: il serait opportun de réfléchir à la « sécurisation juridique » de ces filières, car le cadre juridique actuel ne permet pas de sélectionner les bacheliers à l’entrée dans une filière universitaire ».

Les bacs pros menés vers une impasse ? 

Le rapport pointe l’entrée massive des titulaires de bacs professionnels dans le système APB. Leur nombre a augmenté de plus de 50% entre 2010 et 2012. Problème : la réponse des formations sélectives ne correspond pas à la demande des élèves. Ainsi, 31.000  ont été admis en 2012 en STS pour 94.500 voeux 1 ; 1 500 admis en IUT pour 5.000  premiers voeux. 13.340 bacheliers professionnels se sont alors retrouvés à valider une admission en première année de licence, alors que leurs chances de réussite dans cette voie de formation à laquelle ils ne sont pas préparés sont très faibles. 

Ce que conseille le rapport
:
- Il est inutile de pousser les bacs pros à aller sur APB si les formations proposées sur ce site ne sont pas adaptées à leur profil.
- Si les sections de BTS doivent à l'avenir accueillir davantage de bacs pros, le programme de ces diplômes devra être adapté.

 Des profs de lycée mal informés 

Les enseignants ont souvent une vision des études datant de l’époque où ils étaient eux-mêmes étudiants, assure l'Inspection générale. Ainsi concernant l’université, à part le droit et la médecine, ils trouvent que les étudiants y sont « mal encadrés », méconnaissant ainsi les progrès dus au plan licence. Et les classes préparatoires ne seraient d’après eux accessibles qu’aux meilleurs élèves. Pourtant, souligne le rapport, en « 20 ans, les classes préparatoires scientifiques d’élite sont devenues progressivement des classes préparatoires de masse ». 

Ce que conseille le rapport : mieux informer les enseignants sur l'évolution de l'enseignement supérieur, dès leur formation initiale.


Sophie de Tarlé | Publié le