Rendre les étudiants acteurs de la transformation de leur établissement. C’est tout l’objectif du concours "Hacke ta fac". Lancée en 2017 au sein de l’université de Bordeaux, l’initiative offre l'opportunité aux candidats d'imaginer des outils numériques (plates-formes web, applications mobiles, etc.) pour contribuer à l'amélioration de leur expérience étudiante.
Dès son lancement, le concours avait été pensé pour être copié et dupliqué sur d’autres sites universitaires. La marque et le logo, déposés par l’UB (université de Bordeaux) pouvant être réutilisés sans contrainte, le code source du site web hacketafac étant, lui, rendu public via le réseau Renater. Pour cette deuxième édition, deux établissements ont décidé de se lancer à leur tour dans l’aventure : l’université Montpellier 3-Paul-Valéry, qui initiera le concours dans les prochains jours, et l’université de Strasbourg. Cette dernière a ouvert les candidatures le 22 janvier 2018.
"Si Bordeaux avait une focale très large sur la vie étudiante en général, nous avons décidé de nous concentrer sur la réussite étudiante", détaille Alexandra Delaunay, chargée de projet réussite étudiante pour l'Idex Strasbourg. Une volonté dictée tant par le contexte actuel autour du Plan étudiants que par la stratégie de l’établissement. Financé en grande partie sur fonds Idex, le concours est porté par l’Idip (Institut de développement et d’innovation pédagogique), créé en 2013, qui dispose d’un pôle d’appui à la réussite étudiante.
Communauté de pratiques
Pour cette première année d'expérimentation, l’université de Strasbourg fera plancher les candidats sur six thématiques imposées et une libre (dotées chacune de 10.000 euros). Favoriser le travail collaboratif, mieux préparer ses examens, développer les liens sociaux sur le campus, mieux se préparer à l’université dès le lycée… "Quelques étudiants nous ont déjà contactés pour participer, se réjouit Alexandra Delaunay. Mais nous verrons ce qu'il en est dans quelques mois : nous avons bien conscience qu'ils sont très sollicités et ont peu de temps à consacrer à ce type d’initiative…"
Nous avons conçu ce concours en partant du principe que l’argent investi par les uns devait pouvoir servir à d’autres.
(A. Blanchard)
Pour cibler au mieux le public et capter le plus d’étudiants possible, les équipes de Strasbourg ont pu compter sur les conseils avisés des créateurs du concours. Dès le mois d’octobre, Alexandra Delaunay et ses collègues se sont rendus à Bordeaux, pour échanger avec Antoine Blanchard, chargé de programme innovation numérique au sein de l'établissement bordelais et coordinateur de "Hacke ta fac". "Sans ce partage d’informations et d’outils, nous n’aurions pas pu monter le nôtre en si peu de temps", reconnaît volontiers la chargée de projet strasbourgeoise. En un trimestre, l’initiative a pu être activée.
"C’est tout l’objectif de notre démarche, atteste Antoine Blanchard. Nous avons conçu ce concours comme un dispositif reproductible, en partant du principe que l’argent investi par les uns dans les développements devait pouvoir servir à d’autres. Nous sommes entrés dans une communauté de pratiques."
Ouverture aux partenaires socio-économiques
Outre le site web reproductible, le logo et la marque mis à disposition des établissements volontaires, c’est aussi tout un stock d’informations que les universités peuvent s’échanger. "Nous savons par exemple qu’il vaut mieux prévoir des ateliers pour les étudiants, tout comme appuyer notre communication sur les réseaux sociaux", énumère Alexandra Delaunay.
Si les défis sont ouverts et adaptables, une charte fixe en revanche les grandes lignes déontologiques du concours. Il faut, par exemple, "mettre à disposition des étudiants des dotations suffisantes" et proposer un dispositif d’accompagnement des projets. Par ailleurs, si le concours peut s’ouvrir à des partenaires socio-économiques, ces derniers ne doivent pas y chercher un quelconque bénéfice.
Cette clause revêt cette année une importance particulière à Bordeaux. Pour la deuxième édition du concours, l’université a en effet décidé d’ouvrir deux défis à des partenaires (le Crous aquitaine d’une part et le Crédit Mutuel du Sud-Ouest et DomoFrance d’autres part, qui financent un défi par le biais de la fondation Bordeaux université). Une façon d’élargir le champ des possibles et d’accélérer la transformation numérique de l’établissement bordelais.