Démarré il y a tout juste une semaine, le deuxième volet de la concertation sociale sur la réforme de l'entrée à l'université ne fait pas l'unanimité chez les organisations participantes. Du moins sur la forme. Lassés de "pseudo-concertations", des syndicats comme le Snesup-FSU ou l'Unsa-Éducation ont choisi de quitter les groupes de travail destinés à modifier l'arrêté licence et le cadre national des formations. Les discussions se poursuivent malgré tout.
Un projet d'arrêté attendu
"Ces groupes de travail ne sont que du bavardage. Nous avons décidé de ne pas nous épuiser", explique Stéphane Leymarie. Le secrétaire général de Sup-Recherche-Unsa souhaite désormais travailler sur du "concret" : le projet d'arrêté modifié. Même constat pour Hervé Christofol, le secrétaire général du Snesup-FSU. "Le ministère nous mène en bateau. Les réunions sont aussi creuses que pendant la concertation sur la loi ORE. Nous n'avons aucune information, aucun texte." "On nous redemande notre avis sur des points déjà abordés. Nous ne serons pas les faire-valoir de la réforme", insiste-t-il.
Ces discussions devaient pourtant permettre de rentrer dans le dur de la réforme. Avec au programme : les contours du contrat de réussite étudiant, la remise à plat du système de compensation, les modalités de contrôle des connaissances ou encore le cadrage des heures d'enseignement en présentiel.
C'est pour ces raisons que l'Unef a choisi de poursuivre les discussions. "Les sujets sur la table sont très importants pour les étudiants. Nous voulons faire entendre notre voix. Même si ce n'est pas une vraie négociation, nous participons dans ce cadre car c'est le seul qui nous est donné", relève Mélanie Luce, représente de l'organisation. "On nous dit qu'il n'y aura pas de fin de la compensation ou des rattrapages... Nous voulons voir désormais concrètement le projet du gouvernement", ajoute Lilâ Le Bas, la présidente de l'Unef.
Des premières réponses le 27 avril
D'autres participants sont plus optimistes sur l'utilité de cette concertation, comme la CPU (Conférence des présidents d'université). "C'est toujours utile de rappeler ses positions. Cela permet de reposer les lignes rouges de chacun et de voir si ces dernières ont évolué" depuis la concertation sur la réforme en septembre, juge François Germinet, le président de l'université de Cergy-Pontoise, à la tête de la commission formation et insertion professionnelle de la CPU.
Pour Françoise Lambert, secrétaire fédérale du Sgen-CFDT, ces groupes de travail permettent d'apporter des précisions concrètes sur l'application de la réforme. Et de citer en exemple le groupe sur le contrat de réussite étudiant qui procure "une vraie plus-value".
Plusieurs réunions des groupes de travail doivent encore avoir lieu cette semaine et la suivante alors que le mouvement étudiant contre la réforme se poursuit dans les universités. Une vingtaine d'établissements sont touchés par des blocages temporaires ou permanents selon l'Unef. Un "rapport de force" que compte bien exploiter l'organisation pour "infléchir" les modifications qui seront apportées à l'arrêté licence. Des premières réponses devraient être fournies le 27 avril, date à laquelle est fixée la restitution des travaux de la concertation, en présence de la ministre de l'Enseignement supérieur.
L'Unef quitte également la concertation
Après l'évacuation des étudiants sur le site de Tolbiac de l'université Paris 1 - Panthéon Sorbonne par les forces de l'ordre, l'Unef a choisi de quitter également la concertation. Une décision que l'organisation étudiante justifie par une "absence totale de volonté d’écoute et de prise en compte des revendications étudiantes". "Le texte final semble être écrit à l’avance et, malgré des demandes répétées, n’a pas été fourni aux organisations autour de la table afin d’en débattre", regrette également l'Unef. L'organisation étudiante demande l'ouverture de "véritables discussions" sur la réforme.