À l'heure de l'intelligence artificielle et des objets connectés, les bibliothèques universitaires américaines réinventent leur rôle sur les campus, comme le montre le rapport Horizon 2017 du New Media Consortium, un think tank de recherche sur les nouvelles technologies et l'éducation, auquel adhèrent 250 établissements d'enseignement supérieur.
De plus en plus d'universités réinventent ces espaces, avec des lieux consacrés au travail de groupe, des makerspaces, des cafés, des salles multimédias, des espaces dédiés à l'écriture ou à l'art, à la pensée créative, des salles de détente ou de jeu... Les bibliothèques ne sont plus seulement des lieux où l'on apprend, mais aussi des endroits de production de savoirs, où les étudiants peuvent ainsi réaliser des vidéos, des objets en 3D, etc.
L'enjeu pour ces bibliothèques ? Être à la fois des espaces de collaboration entre des groupes de différentes disciplines, tout en continuant d'offrir à ceux qui le souhaitent un lieu de travail individuel et calme.
Un lieu d'apprentissage des outils numériques
Au-delà des ressources numériques classiques, les bibliothèques incorporent de plus en plus de nouveaux formats dans leurs catalogues : vidéos, présentations multimédias, ressources en 3D ou en réalité virtuelle, visualisations... Le stockage, le tri et la curation de toutes ces données leur permettent de créer de nouveaux contenus, de concevoir de nouvelles bases de données, en collaboration avec les étudiants et les chercheurs.
Pour assurer ces nouvelles missions, les bibliothèques cherchent de plus en plus à recruter des spécialistes en data visualisation et en fouille des données, est-il souligné dans le rapport Horizon 2017, et s'organisent en "mode projet", avec moins de hiérarchie qu'auparavant.
De plus en plus de bibliothèques se placent dans un rôle de recherche et de formation à la citoyenneté numérique – dans la lignée du mouvement des humanités numériques. Les auteurs du rapport estiment que les bibliothèques universitaires doivent être le lieu où les étudiants apprennent à utiliser les outils numériques, à réfléchir sur leurs limites et le respect des libertés individuelles. Un endroit où ils se forment, par exemple, aux règles et usages de communication digitale, et où ils apprennent, à l'heure des "fake news", à identifier les sources d'information sur Internet.
Chatbot, robots et bluetooth
Enfin, l'un des gros chantiers à venir est l'incorporation des nouvelles technologies d'intelligence artificielle dans les systèmes. Robots-lecteurs puisant l'information pertinente dans des montagnes d'archives, chatbot (robots conversationnels) répondant aux questions des étudiants, moteurs de recherche prenant en compte le profil de l'élève et les cours qu'il a suivis, robots guidant physiquement la personne dans les rayons... De nombreuses expérimentations sont en cours.
Les bibliothèques commencent aussi à tirer profit des nouveaux objets connectés pour, par exemple, mesurer finement leur fréquentation, l'utilisation de leur matériel ou de leurs salles. Mais aussi pour régler les températures, signaler si une salle est vide ou pleine, détecter la malpropreté de certaines zones.
Certaines bibliothèques utilisent des bornes qui envoient aux étudiants, en bluetooth, des informations sur l'utilisation de tel ou tel équipement, l'arrivée d'un document, ou qui leur proposent du contenu complémentaire à leur recherche. Bienvenue dans les bibliothèques intelligentes de demain...