Avec 104 millions d'abonnés à travers le monde et 200 pays couverts, Netflix s'est imposée, depuis sa création, en 2007, comme la plate-forme incontournable de vidéos à la demande, se lançant même dans la production de contenus. Afin de s'adapter aux nouvelles formes de consommations de ses utilisateurs, qui privilégient de plus en plus la lecture sur smartphone, la firme californienne a revu son système d'encodage. L'objectif ? Préserver la qualité d'une vidéo, même quand celle-ci est visionnée à bas débit, sur petit écran.
Pour plancher sur le sujet, l'entreprise a fait appel à trois universités : l'université de Californie du Sud, l'université du Texas à Austin... Et l'université de Nantes. Approchées dès 2014, les équipes du laboratoire des sciences du numérique de Nantes (université de Nantes/CNRS/Centrale Nantes/IMT Atlantique) ont ainsi participé au développement du "dynamic optimizer", système d'encodage spécifique à Netflix, présenté en grande pompe, en juin 2017, lors du Mobile World Congress, congrès mondial dédié aux technologies mobiles de Barcelone.
Focus sur l'optimisation perceptuelle
Au sein de l'équipe IPI (Image Perception & Interaction) du laboratoire nantais, Patrick Le Callet, chercheur et professeur à Polytech Nantes, n'en finit plus d'être sollicité pour évoquer les travaux effectués avec le géant américain. "Netflix nous a contactés de façon à ce que nous leur livrions certaines de nos connaissances, ainsi que pour valider la recette de leur système, détaille le scientifique. Mais ce sont eux qui détiennent l'intelligence globale, nous n'avons fait que donner une partie des clés."
Spécialiste de l'évaluation de la qualité d'image et de la qualité d'expérience, Patrick Le Callet et ses équipes ont travaillé à l'optimisation perceptuelle des vidéos : jusqu'où peut-on réduire les fichiers, sans que la baisse de qualité ne soit visible pour l'œil humain ?
"Nous nous appuyons sur des connaissances et disciplines très différentes, souligne le chercheur. Sciences informatiques, traitement du signal, mais aussi sciences de la vision, psychologie…" Outre la technique, le laboratoire fonde son travail sur des tests réalisés sur des panels humains, avec un mot d'ordre : "n'encodons pas ce qui ne se voit pas".
À gauche, un encodage classique. À droite, un encodage utilisant le "dynamic optimizer". // © université de Nantes
Plusieurs post-doctorats financés
Grâce à cette évolution technique, Netflix – qui accusait en juillet 2017 un déficit de 17 milliards d'euros – entend bien décrocher de nouveaux marchés et cible notamment les pays émergents, où la connexion haut débit n'est pas généralisée. "En plus de nous permettre de passer très vite de la recherche fondamentale à son application, ce partenariat revêt un autre atout : il porte une certaine valeur humaniste", argumente Patrick Le Callet, attiré par l'idée de mettre fin aux déserts numériques.
Ce mécénat a bousculé certains de nos partenaires, qui avaient fini par oublier ce que notre laboratoire valait sur la scène internationale.
(P. Le Callet)
Grâce à cette collaboration, via sa fondation, l'université a signé avec Netflix une convention de mécénat pluriannuelle. Si les montants ne sont pas communiqués, ce partenariat permet au laboratoire de financer plusieurs post-doctorats, ainsi que des postes d'ingénieurs, afin de poursuivre le développement des recherches du laboratoire. La seule exigence de l'entreprise ? Que les travaux effectués dans le cadre du mécénat soient développés en licence libre.
Autre avantage, et non des moindres, selon Patrick Le Callet : cette alliance a valeur d'exemple auprès de ses interlocuteurs français : "Ce mécénat a bousculé certains de nos partenaires, qui avaient fini par oublier ce que notre laboratoire valait sur la scène internationale."
Jeudi 28 septembre 2017, la première conférence EducPros de la saison traitera du fundraising autour de ces deux questions : comment animer et mobiliser vos réseaux alumni ? Quels enseignements tirer du modèle anglo-saxon ?
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