134 pour, 202 contre. Les sénateurs ont rejeté le budget 2015 de l'enseignement supérieur et de la recherche, examiné en séance publique le 3 décembre 2014. Si ce vote était attendu, étant donné les équilibres politiques du Sénat, c'est l'amendement porté par la commission Éducation rétablissant les 136 millions d'euros amputés par les députés, qui a cristallisé la discussion.
Il a été adopté, cette fois-ci en séance publique, à l'unanimité - socialistes compris - bien que que le gouvernement soutenait cette coupe.
Le gouvernement se justifie
Représenté par Christian Eckert, secrétaire d'État au Budget, le gouvernement a réagi en défendant la nécessité de faire des économies dans tous les ministères, Enseignement supérieur et Recherche inclus. Tout en affirmant que la priorité promise à ce secteur était respectée, avec une progression de 600 millions d'euros sur ce budget depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir.
Le secrétaire d'État a ainsi souligné une amélioration de la situation financière des universités, avec de moins en moins de déficits depuis deux ans. "On ne peut donc pas parler de dégradation, a-t-il affirmé. Il faut bien sûr saluer les efforts des établissements. Même l'université de Versailles Saint-Quentin, qui avait cumulé tous les dysfonctionnements nés du quinquennat précédent, va retrouver un trésorerie positive en 2015."
Universités : Où vont tomber les coupes ?
Christian Eckert a en outre estimé qu'une partie des universités avait les moyens de faire des économies. "Les présidents d'université sont dans des situations extrêmement diverses, a-t-il glissé. Certaines universités peuvent supporter cette baisse sans difficulté, mais un travail très fin sera entrepris pour tenir compte des disparités."
Les présidents d'université sont dans des situations extrêmement diverses. Certaines universités peuvent supporter cette baisse sans difficulté.
(C. Eckert)
Ce qui n'est pas sans rappeler les propos de Najat Vallaud-Belkacem, quelques semaines plus tôt. La ministre de l'Éducation nationale avait évoqué des économies "ciblées", au cas par cas, grâce à une mission d'inspection. Des propos qui font frémir les présidents d'université disposant encore d'un fonds de roulement conséquent : ils dénoncent cette tentation de prendre aux bons gestionnaires les fruits de leurs économies.
Vers un rabot budgétaire moins important ?
Le gouvernement a néanmoins fait un pas dans le sens des sénateurs, en soutenant un amendement rétablissant 35 millions d'euros sur le programme 150, dédiés aux établissements d'enseignement supérieur. Ce qui équivaudrait à limiter la coupe de 70 millions, opérée fin novembre par les députés. L'idée étant de récupérer ces crédits sur le programme "Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires (-20M), plus précisément sur le budget de l'ANR (Agence nationale de la recherche), et dans l'enseignement scolaire (-15M).
Si l'impact de ces votes est limité - le rejet du budget ESR signifie que le texte qui reviendra devant les députés dans les semaines qui viennent sera justement celui adopté par ces derniers en novembre - cela donne pour le moins un signe sur la position du gouvernement. "La discussion n'est pas terminée", a promis Christian Eckert.