Le dossier des masters aura eu raison de l'entente cordiale entre écoles et universités, la hache de guerre vient d'être déterrée. Dans un communiqué publié sur son site, la CPU (Conférence des présidents d'université) dénonce sans détour l'initiative menée par la CGE (Conférence des grandes écoles) au début du mois d'avril : cette dernière avait saisi le Conseil d'État pour dénoncer deux textes de loi restreignant à certains établissements de l'enseignement supérieur – EPSCP (établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel) et EPA (établissements publics à caractère administratif) – le droit de délivrer un titre national de master.
La CPU "s'étonne qu'une initiative de cette importance ait pu être prise subrepticement, sans information aucune des autres conférences de chefs d'établissements d'enseignement supérieur".
"Vers une dévaluation de la qualité du diplôme"
Et de critiquer vertement le principal argument avancé par la CGE, à savoir l'inégalité de traitement. "La capacité ou non d'un établissement à proposer à ses étudiants un diplôme national de master devrait être guidée par le seul critère de qualité de l'établissement et de la formation", argumentait, début avril, Philippe Jamet, président de la CGE.
Pour la CPU, il ne fait pas l'ombre d'un doute que seule l'université peut – et doit – délivrer le master, grâce à un recrutement exigeant de ses enseignants-chercheurs et à l'évaluation menée "par une autorité indépendante" de sa formation et de sa recherche. "Pour ces raisons, seules les universités remplissent effectivement les conditions posées par la loi dans le cadre du monopole de collation des diplômes reconnu à l'État", concluent les présidents d'université.
Si, à terme, tous les établissements d'enseignement supérieur pouvaient délivrer un diplôme national de master, la conférence universitaire craint une "dévaluation de la qualité et la réputation du diplôme de master". Et la CPU de se faire menaçante, en mettant en garde contre un recours qui, "s'il devait prospérer, induirait le démantèlement des rapprochements universités-écoles".