En voyage d'Etat en Chine, François Hollande inaugure, le 26 avril 2013, l'école d'ingénieurs ParisTech Shanghai JiaoTong qui a accueilli ses premiers étudiants, tous chinois, à la rentrée 2012. Accompagné de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Geneviève Fioraso, le Président de la République doit visiter l'école, dévoiler une plaque et évoquer l'importance des relations franco-chinoise pour la jeune génération, à l'occasion d'un échange avec les élèves chinois.
"La venue de François Hollande est un symbole fort dans un pays qui accorde une réelle importance à l'histoire et au protocole, souligne Cédric Denis-Rémis, le co-directeur français de l'école. Elle devrait marquer les esprits, comme cela a été le cas en 2005, quand Jacques Chirac s'est rendu à l'Institut franco-chinois d'ingénierie et de management de Tongji."
Fruit d'un partenariat entre l'université de JiaoTong et quatre écoles de ParisTech (Polytechnique, les Mines de Paris, Télécom et l'Ensta), l'école d'ingénieurs de Shanghai dispense une formation en six ans, dans les domaines de la mécanique, des matériaux, de l'énergie et des technologies de l'information.
"Au regard de ces thématiques, les Arts et Métiers pourraient s'associer au projet", confie Yves Poilane, président de ParisTech. Quant aux autres écoles du PRES (Pôle de recherche et d'enseignement supérieur), leur association "dépendra de l'extension ou non à d'autres disciplines, notamment la chimie ou l'agroalimentaire", souligne Yves Poilane qui formule ainsi l'objectif du projet : "promouvoir le modèle français des grandes écoles sous la marque ParisTech".
Un financement majoritairement chinois
Sept ans après l'ouverture de Centrale Pékin, qui doit encore aujourd'hui pérenniser son budget, les écoles de ParisTech disent avoir tiré profit de l'expérience de ce pionnier. Et établi un business model radicalement différent : "nous avons tenu à minimiser le plus possible notre contribution, explique Yves Poilane. Nous avons résisté aux sirènes du financement d'amorçage qui n'assure pas la pérennité d'un projet".
Celui de ParisTech à Shanghai repose essentiellement sur deux sources : l'université de JiaoTong et les étudiants chinois qui paient des frais de scolarité d'environ 5.600 € par an. Un prix élevé que les écoles veulent compenser en mettant en place des bourses sociales à partir de la rentrée 2013, la Chine délivrant, de son côté, des bourses d'excellence.
Le soutien des industriels doit rester raisonnable, de 10 à 20 % du budget en régime permanent
Côté français, la nouvelle école ne reçoit pas d'aide financière du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, mais bénéficie du soutien d'industriels : réunis au sein d'un club d'entreprises, PSA, AXA Private Equity et Safran sont engagés dans le projet, pour l'instant sur trois ans. ParisTech souhaite à terme fédérer une petite dizaine de partenaires, mais, insiste Yves Poilane, "le soutien des industriels doit rester raisonnable, de 10 à 20 % du budget en régime permanent".
Résultat : le coût est relativement faible pour ParisTech, de l'ordre de 130 k€ par école et par an, toutes charges comprises. Ce montant comprend la mise à disposition de l'équivalent d'un enseignant-chercheur à temps plein et le quart du salaire du co-directeur français.
Pour Cédric Denis-Rémis, ce montage financier prouve que "dans la compétition avec les universités américaines, la France n'a pas à rougir de sa réputation : il existe une vraie reconnaissance internationale de nos scientifiques et de nos qualités pédagogiques". Une image que l'école ParisTech Shanghai JiaoTong doit continuer à alimenter.
La première promotion de ParisTech Shanghai JiaoTong rassemble 60 élèves, l'objectif étant d'atteindre un effectif de 150.
Comme c'est généralement le cas pour les écoles françaises implantées à l'étranger, la formation s'étale sur six ans : les deux premières années mêlent des cours intensifs de français à des enseignements scientifiques de classe préparatoire MPSI et MP*. S'ajoutent à cela des cours d'anglais et d'autres, en politique et économie, dispensés par l'université chinoise.
Les deux années suivantes sont consacrées à une formation généraliste d'ingénieurs, avant le cycle de spécialisation de deux années également. L'objectif étant d'obtenir la reconnaissance du diplôme par la CTI (Commission des titres d'ingénieurs).
Les étudiants chinois devront en outre passer au moins six mois en France, dans l'une des écoles partenaires, ce qui leur permettra d'obtenir un double-diplôme. Symétriquement, des élèves français pourront aller suivre une partie de leur scolarité à Shanghai.
Lors du voyage d'Etat de François Hollande en Chine, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Geneviève Fioraso a présidé à la signature de 11 accords visant à renforcer la coopération universitaire franco--chinoise.
Parmi eux, des projets d'implantation de campus en Chine (Aix-Marseille Université à Wuhan), des accords d'échanges d'étudiants et d'enseignants, des cursus conjoints et des programmes de recherche collaborative (Sorbonne Universités, groupe des universités technologiques et groupe INSA...).