Sur l'écran d'ordinateur, un chat orange avance, puis tourne sur lui-même. En quelques clics, de façon ludique, l'internaute donne vie au petit animal à travers un outil en ligne baptisé Scratch et développé par les équipes du MIT (Massachusetts Institute of Technology). "Vous pouvez désormais affirmer que vous avez manipulé vos premiers algorithmes", sourit Thierry Viéville.
Chercheur à l'Inria, ce spécialiste en médiation scientifique participe au projet Class'Code. Lancé à la rentrée 2016, le programme, Mooc hybride qui concilie cours en ligne et échanges en présentiel, vise à former les enseignants et les éducateurs à la pensée informatique. "Ce projet est la réponse à un besoin, poursuit le chercheur. Celui de former les professionnels de l'éducation pour qu'à leur tour ils puissent accompagner les jeunes dans la compréhension de l'informatique."
Soutenu entre autres par les associations professionnelles de l'informatique, le programme a reçu 1 million d'euros dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir dédié à la culture de l'innovation et de l'entrepreneuriat, en juillet 2015. Une somme doublée par les apports de tous les partenaires, institutions publiques comme entreprises privées.
Entre MOOC et temps d'échanges
Sur Class'Code, pas de théories lénifiantes. L'apprentissage – gratuit – passe par le faire, avec l'utilisation d'applications telles que Scratch, mais aussi par une approche globale de l'informatique. "Le parcours de formation permet de regarder ce qu'est le code, pour comprendre le numérique, précise le chercheur. C'est pourquoi les modules évoquent également l'histoire de l'informatique... Avec un objectif : être éclairé quand on utilise les logiciels... "
Composé de cinq modules en ligne, Class'Code compte d'ores et déjà 10.000 inscrits pour le premier module, accessible depuis la rentrée 2016. Chacune des cinq formations en ligne nécessite au moins dix heures de travail. Pour ne pas laisser les utilisateurs seuls face à leur apprentissage, des rencontres en région sont régulièrement organisées. Chaque rendez-vous est modéré par un "facilitateur", tantôt informaticien, tantôt chercheur, tantôt enseignant expérimenté, qui accepte de donner quelques heures de son temps pour répondre aux questions et interrogations des élèves.
Selon les premières statistiques, qui restent à consolider, le taux de réussite passe de 5 % pour un utilisateur exclusivement "en ligne" à 75 % pour un utilisateur ayant participé aux temps de rencontre.
Ce parcours de formation permet de regarder ce qu'est le code, pour comprendre le numérique [...]. Avec un objectif : être éclairé par les logiciels...
(T. Viéville)
Reconnaissance par l'Éducation nationale
Qu'il s'agisse d'apprendre à contrôler un robot, à "faire bouger des Lego" ou encore à comprendre ce qu'est un réseau, les connaissances et compétences acquises avec Class'Code peuvent être valorisées par les enseignants dans le cadre de leur plan académique de formation.
En fin de parcours chaque élève reçoit une attestation, contenant l'ensemble de ses données utilisateur. Fort de ce document, l'enseignant peut faire valoir sa participation à Class'Code auprès du Cerpep (Centre d'études et de recherches sur les partenariats avec les entreprises et les professions), organisme ministériel qui gère les stages professionnels des enseignants.
Un argument de taille pour inciter le monde professoral à rejoindre l'initiative portée par l'Inria. En cinq ans, Class'Code ambitionne de former 300.000 enseignants, parmi lesquels une large majorité de professeurs des écoles et de collège. Ouvert à tous, le projet pourrait convaincre un plus large public.
Class'Code est soutenu par les associations professionnelles de l'informatique et des réseaux de d'éducation, réunis par la SIF (Société informatique de France).
Le programme est partiellement financé par le Programme d'Investissements d'avenir, dont la Caisse des dépôts est opérateur.
Les start-up Magic Makers et OpenClassrooms en assurent respectivement la direction pédagogique et la production.