"La France reste en dehors de l'élite mondiale", lâche laconique Phil Baty, rédacteur en chef en charge des rankings au magazine "Times Higher Education" (THE). Trente et un établissements français figurent dans l'édition 2018 du classement anglais des 1.000 premières universités du monde publié par le "Times Higher Education" le 5 septembre 2017. Certes c'est quatre de plus que l'an passé. Mais aucune école ou université ne figure encore dans le top 50 de l'enseignement supérieur au niveau mondial.
Pour trouver le premier établissement français, il faut descendre à la 72e place du classement : l'université de recherche Paris Sciences et Lettres (PSL) est même la seule à figurer dans le top 100. PSL, classée pour la première fois cette année, englobe l'École normale supérieure, classée 66e l'an passé. Le deuxième établissement – Polytechnique – pointe lui à la 115e place et le troisième, l'UPMC, à la 123e place. À noter : l'édition 2017 du classement de Shanghai, publiée au cœur de l'été, faisait quant à elle figurer trois établissements français dans son top 100 : l'UPMC, l'université Paris-Sud et l'École normale supérieure (ENS-Ulm).
Aucune université française dans le top 50 depuis 2011
"La France n'a vu aucune université classée au top 50 depuis 2011", relève Phil Baty, qui juge sévèrement les politiques de regroupement. Seule la stratégie de regroupement dans PSL de 18 institutions parisiennes semble en effet payer dans les tableaux cette année. Les causes ? "Le reste du monde progresse plus vite. Les institutions françaises manquent d'argent. Et la stratégie française de fusion des universités comme méthode permettant d'améliorer leur performance est remise en cause : trop complexe, incompréhensible vue de l'extérieur", pointe l'expert en classement du THE.
Consolation, quelques universités entrent pour la première fois dans le classement, comme l'université Blaise-Pascal (désormais université Clermont-Auvergne) ou encore l'université de Lorraine. Autre motif de satisfaction : la percée spectaculaire dans le classement de l'université Paris 4-Paris-Sorbonne, classée plus de 350e l'an passé et qui se hisse à la 196e place cette année. Ou encore celle de l'École normale supérieure de Lyon, classée 182e cette année.
Le reste du monde progresse plus vite. Les institutions françaises manquent d'argent.
(Ph. Baty)
La Chine place deux établissements dans le top 30
Stanford, Princeton, Harvard, MIT… Force est de constater que les universités anglo-saxonnes trustent toujours le top 10 de ce classement avec cette année les universités anglaises d'Oxford et de Cambridge sur les première et deuxième marches du podium et le California Institute of Technology sur la troisième. Seul un établissement suisse arrive à atteindre la 10e place, l'ETH Zurich. Mais attention : les universités britanniques auront fort à faire avec la sortie programmée du Royaume-Uni de l'Union européenne : "Le Brexit représente un énorme risque pour la réussite des universités du Royaume-Uni à l'avenir", observe Phil Baty.
Les universités asiatiques continuent elles aussi de progresser dans les rankings du "Times Higher Education" : ainsi deux grandes universités chinoises, l'université Tsinghua (30e) et l'université de Pékin (27e) dépassent cette année des établissements européens de classe mondiale comme l'École polytechnique fédérale de Lausanne ou l'Institut Karolinska en Suède, classés tous les deux 38es. De son côté, l'université nationale de Singapour rivalise avec l'université de Toronto, toutes les deux classées à la 22e place.
Au-delà des établissements français qui peinent à émerger dans ce classement mondial, ce sont donc de grandes institutions européennes qui sont aussi sévèrement concurrencées par leurs homologues asiatiques. Phil Baty le constate implacable : "Cette année, l'Europe compte sept établissements dans le top 30 et l'Asie trois. L'an dernier, ces chiffres étaient respectivement de dix et de deux." Rendez-vous est pris l'année prochaine.
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