"Notre projet stratégique a pour ambition de revitaliser la méthode d’innovation propre à l’Essec pour que celle-ci reste fidèle à sa tradition d’esprit pionnier". Présentant "Essec 3i" (pour innovation, implication et internationalisation), le plan stratégique 2014-2020 de la business school, le directeur général de l’Essec, nommé en mai 2013, a insisté sur la dynamique collective qui a permis d’accoucher du projet : entre les professeurs, les administratifs, les étudiants et les alumni, 200 personnes ont planché trois mois durant pour établir les intentions stratégiques de l’école sur les prochaines années.
Alliance renforcée avec Centrale paris
Jean-Michel Blanquer a rappelé l’importance de l’alliance ingénieur-manager pour l’enseignement, la recherche, les relations avec les entreprises ou encore l’international. Hervé Biausser, le patron de Centrale Paris, était d’ailleurs venu assister à la présentation du plan stratégique de l’Essec.
"Avec l’Ecole centrale, nos relations sont anciennes (double-diplôme, conception de produits innovants, chaire Armand Peugeot…). Nous voulons aller plus loin et mettre de l’Essec dans la pédagogie de Centrale, et plus de pédagogie de Centrale dans l’Essec", a expliqué le DG de la business school.
Le rapprochement concerne aussi la formation continue, domaine dans lequel les deux écoles pourraient proposer des offres communes, et les relations internationales. L'Essec étant implantée à Singapour et Centrale à Pékin, Jean-Michel Blanquer a notamment souligné l'existence de "complémentarités entre les deux campus".
refonte pédagogique via le "design learning"
Sur le plan pédagogique, une expression résume le nouveau projet éducatif de l’Essec : le "design learning". "C’est tout simplement la capacité à dessiner son propre parcours", explique Jean-Michel Blanquer qui y voit "le nouvel étendard de l’Essec" et la possibilité de mêler "l’interaction et la rigueur".
Pour donner corps à ce projet, l’école va créer un "FabLab de l’innovation scientifique et pédagogique" au premier étage de l’actuel learning center au centre du campus Essec à Cergy. Conçu comme "un lieu névralgique pour tous les acteurs de l’Essec", le FabLab sera lié au Digital Institute de Centrale lancé en 2013 et assurera la production des MOOC de l'Essec. Avec la volonté de ne pas séparer enseignement et recherche. "Nous construisons avec le plan stratégique des ponts pour dépasser certaines fausses oppositions. La recherche nourrit l’enseignement, l’enseignement se nourrit de la recherche", insiste Jean-Michel Blanquer.
C’est dans ce FabLab que sera notamment gérée la "carte cognitive" dont sera doté chaque étudiant à la rentrée 2014 et qui l’accompagnera tout au long de son parcours. Celle-ci "recensera les compétences ou expériences acquises et identifiera celles qui restent à acquérir pour s’orienter et construire son projet d’avenir", précise la direction de l’école.
Le "design learning", c’est tout simplement la capacité à dessiner son propre parcours (J.-M.Blanquer)
Dernière nouveauté présentée dans ce plan stratégique : la possibilité pour les étudiants de commander des cours qui n’existent pas. Au début de leur dernière année, les élèves rencontrent professeurs et professionnels pour échanger sur les dernières tendances de la recherche et de la vie économique durant la semaine de l’innovation et de la recherche. A partir de ces discussions, l’étudiant bâtit son plan de scolarité de dernière année. Si un cours dont il a besoin n’existe pas, il peut avec s’associer avec des camarades pour demander la création de ce module.
Les cours les plus plébiscités sont préparés dans les mois qui suivent par les enseignants de l’Essec pour être dispensés lors du dernier trimestre de scolarité. Ils prendront la forme de Mooc ou de cours présenciel.
Pour Jean-Michel Blanquer, ce système rassemble tous les ingrédients nécessaires à une pédagogie efficace : "l’étudiant participe à la définition de son besoin et est amené à se projeter dans son futur. En outre, le cours est ultra désiré, et confectionné grâce à une interaction entre professeurs et étudiant". Le dispositif sera expérimenté à la rentrée 2014.
"L’Essec aime bien les métaphores exploratrices", sourit son directeur. Chargé de dynamiser la création de chaires, le plan Marco Polo doit permettre de passer de 16 à 25 chaires d’entreprises à l’horizon 2016. Deux chaires en finance sont sur le point d’être créées, et une autre doit être lancée en mars 2014 autour de la complexité dans la vie économique. A sa tête, le sociologue et philosophe Edgar Morin.
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