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Comment Toulouse Business School et l’ENAC ont monté leur filière aéronautique

Cécile Peltier Publié le
Comment Toulouse Business School et l’ENAC ont monté leur filière aéronautique
Maintenance d'un A330 // DR // © 
Pour répondre aux besoins de la profession – et satisfaire leurs étudiants –, l'ENAC et Toulouse Business School lancent une série de doubles diplômes centrés sur le management dans l'aérien.

L’aéronautique a le vent en poupe : les constructeurs font le plein et le trafic aérien poursuit sa croissance. Des entreprises qui, pour vendre leurs produits et leurs services, ont de plus en plus besoin de techniciens formés au management mais aussi de commerciaux sensibilisés à la technique.
"Nos entreprises partenaires, constructeurs ­(Airbus, ATR…), compagnies aériennes (Air France, Corsair...) et aussi équipementiers nous demandent une ouverture de 5 à 10% d’une promotion à une formation au management, rapporte Gilles Perbost, directeur des études et de la recherche de ­l’ENAC (École nationale de l'aviation civile), spécialisée dans l’exploitation du service aérien. Dans certains métiers, en effet, les équipes mixtes ingénieurs-managers peuvent avoir du mal à travailler ensemble faute de connaître les attentes de l’autre partie…"

Un besoin en compétences managériales identifié par Toulouse Business School dans le cadre de la spécialité "Aerospace Management" proposée en troisième année du pro­gramme grande école, confirme sa directrice Isabelle Assassi. D’autant que le rapport du GIFAS (Groupe­ment des industries françaises aéronautiques et spatiales) d’août 2012 relève les besoins importants de la filière en ingénieurs d’affaires et en responsables achats et logistique, assure-t-elle. "Des métiers auxquels nous formons déjà nos étudiants mais qui nécessitent aussi un peu de technicité."

Quatre doubles diplômes

Sur un marché concurrentiel, la double compétence constitue une arme de différentiation pour TBS. Désireuse de développer son offre aéronautique ­(Aerospace MBA), elle contacte l’école d’ingénieurs et lui propose la construction d’une filière commune.
L’ENAC, qui avait lancé en 2011 un cursus ingénieur-manager avec Audencia Nantes, est intéressée par cette formule locale et gratuite qui permet à ses ­étudiants "d’acquérir des compétences en management de haut niveau et une dimension internationale". Les discussions débouchent sur la construction de quatre doubles diplômes et d’une nouvelle filière bachelor, l’ENAC mettant ensuite son expertise et ses réseaux au service du projet.

À partir de 2014, les élèves de l’école d’ingénieurs auront ainsi la possibilité de cumuler leur diplôme d’ingénieur avec le master grande école de TBS. Ils intégreront l’école de commerce après avoir validé les cinq premiers semestres du cycle ingénieur pour suivre et valider le M1 puis le M2. "On leur recommandera le master Aerospace Management, B to B ou finance, mais ils seront libres de choisir une autre spécialité", remarque Isabelle Assassi.

Les élèves du PGE de TBS pourront, quant à eux, prétendre aux MS en management aéroportuaire ou en management du transport aérien de l’ENAC, ainsi qu’au master international Air Transport Operations Management vers lequel Isabelle ­Assassi devrait en priorité les orienter : "Il y a de véritables besoins en Asie en raison d’un important renouvellement des flottes et de la construction de nouveaux aéroports."

L’idée n’est pas de transformer une promotion d’ingénieurs en managers et inversement (G. Perbost)

Une formation sélective en quatre ans

Les élèves seront sélectionnés sur dossier par un jury commun aux deux écoles. Ces doubles cursus de quatre ans au lieu de trois ne concerneront au total pas plus d’une dizaine d’étudiants chaque année. Parce que ce type de parcours très exigeant ne correspond pas au profil ni aux besoins de tous les étudiants pas plus qu’à toutes les entreprises : "L’idée n’est pas de transformer une promotion d’ingénieurs en managers et inversement, insiste Gilles Perbost. Certaines entreprises ont déjà tiré la sonnette d’alarme !"

En termes de salaires, difficile de dire si la double compétence, propre à rassurer les entreprises et les étudiants, fera la différence. Isabelle Assassi, qui veut développer ce type de partenariats avec d’autres écoles d’ingénieurs, est optimiste : "Une compétence technique ou managériale avérée constitue un vrai plus. Et nous intervenons sur des secteurs en tension."
Côté Enac, les postes des ingénieurs-managers devraient ressembler à ceux de leurs camarades de promo : "Pour commencer, ils resteront à la tête d’équipes de petite taille, mais les entreprises partenaires nous ont dit qu’elles allaient les surveiller de près pour les placer dans leurs viviers de hauts cadres", conclut Gilles Perbost.

 

Un bachelor "aéronautique"
À bac + 3, le bachelor en management de TBS s’enrichit d’une nouvelle filière, Aviation Management 100 % en anglais : de 300 à 350 heures de cours, principalement en deuxième année, sur l’économie du transport aérien dispensés par des professeurs de l’ENAC et des intervenants d’entreprises partenaires.
Ce diplôme "répond aux besoins des entreprises des métiers de management au sens large, ­ du commerce (chef d’escale, responsable de centres d’affaires aéroportuaires…), du fret ou de la logistique, qui embauchent beaucoup à bac + 3, estime Sylviane Fontana, responsable du programme à TBS. Des métiers nouveaux pour nos étudiants, embauchés jusqu’ici chez des constructeurs aéronautiques".

Cécile Peltier | Publié le