En matière de regroupement universitaire, rien n'est imposé, ni le mode ni le périmètre : voilà le message que s'est attachée à faire passer Geneviève Fioraso. En déplacement à Rennes, le 28 mai 2014, à l'occasion de la conférence de l'Amue, la secrétaire d'Etat à l'Enseignement supérieur et la Recherche s'est employée, après le déjeuner avec le président de la République la semaine précédente, à rassurer la communauté. Depuis quelques mois, celle-ci clame, pétition à l'appui, ses inquiétudes sur le sujet, dont fait également écho notre baromètre EducPros du moral des professionnels de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Tout en rappelant le caractère "indispensable" des regroupements, Geneviève Fioraso a voulu marquer la continuité de sa politique depuis de la loi votée à l'été 2013, qui prévoit que les établissements fusionnent, s'associent ou créent une Comue (Communauté d'universités et établissements). "Je tiens à le souligner : aucun de ces choix ne doit être imposé", a-t-elle martelé. Et d'insister : "Que ce soit clair : je n’ai jamais considéré que la fusion doive être la référence d’un idéal à atteindre."
Concernant les Comue, la secrétaire d'Etat a mis là aussi en avant la liberté des établissements pour choisir le périmètre, sur une seule région ou plusieurs comme en Bretagne - Pays de la Loire, et les compétences transférées. Quant à l'association, pour laquelle la désignation d'un chef de file avait suscité une levée de boucliers, Geneviève Fioraso s'est défendue de vouloir mettre en place "je ne sais quelle hiérarchie nouvelle", mais dit envisager ce rôle comme celui d'un "ambassadeur auprès des différents partenaires de l’association".
Ce discours de Rennes visait ainsi indirectement à répondre aux critiques de ces derniers mois, à commencer par celle portant sur "l'autonomie sous tutelle" que dénonce Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public à Lyon 3 et coauteure de la tribune "Pour un changement à l'université et dans la recherche", qui a rassemblé quelque 11.000 signataires. La locataire de la rue Descartes veut voir dans ce mécontentement un "manque d’informations et de concertations dans les établissements". Pas sûr, pour autant, que sa clarification suffise à apaiser les esprits.