Comment avez-vous pris connaissance de ce projet d’arrêté sur le doctorat, qui a suscité d'importantes critiques ?
Nous en avons pris connaissance il y a quelques semaines par notre réseau de jeunes chercheurs ! Nous n’avions alors aucune nouvelle du ministère depuis notre audition sur le sujet en juillet dernier, alors que cet arrêté devait entrer en application à la rentrée 2015.
Au même moment, le texte a été diffusé par le collectif Papera et le ministère nous a de nouveau sollicités.
En quoi ce texte pose-t-il problème sur le fond ?
Il est incompatible avec la réalité d'un doctorat régi par un contrat de travail. Le vocabulaire est très estudiantin. Il porte la vision du doctorat comme étape de formation et non comme travail professionnel de recherche.
Ses objectifs sont intéressants : promouvoir le doctorat comme expérience professionnelle, confirmer la place d’excellence du doctorat aux niveaux national et international. Mais les déclinaisons techniques de ces objectifs ne sont pas à la hauteur. Le texte parle par exemple d'"insertion professionnelle" alors que le doctorat est une expérience professionnelle...
Nous voulons également alerter sur les mauvaises pratiques existantes et comment le futur arrêté pourrait les faciliter. L’année de césure qu'il propose pourrait être, par exemple, tout à fait utilisée par les doctorants, en accord avec leur directeur doctoral, pour réaliser une année de doctorat supplémentaire, non rémunérée.
Que préconisez-vous pour encadrer le doctorat ?
Nous avons été déçus, car le texte ne reprenait aucune de nos propositions. Nous sommes favorables à une ouverture des modalités d'obtention du doctorat, mais il faut que la partie recherche soit rémunérée et prise en compte.
Nous ne sommes ainsi pas opposés par principe à la validation des acquis de l’expérience (VAE) pour valider un doctorat ou à la mise en place de doctorats à temps partiel. Mais il faut bien encadrer ces pratiques afin de préserver la qualité et l’unicité du doctorat.
On imagine très bien un directeur doctoral demander à son doctorant de trouver un travail alimentaire pour financer sa recherche et de faire valider ensuite cette expérience au titre de la VAE. Nous sommes contre tout doctorat réalisé dans de mauvaises conditions de travail et de financement.
- Le projet initial d'arrêté sur le doctorat du ministère (pdf)
- Le communiqué de la Confédération des jeunes chercheurs : "Réforme du doctorat : le Ministère promet, les jeunes chercheur-e-s proposent" (pdf)