À quoi ressemblera le site "trouvermonmaster.gouv.fr" ? Derrière les questions techniques, un enjeu stratégique : garantir l'effectivité du droit à la poursuite d'études en master pour tous les étudiants titulaires d'une licence. Alors que le Sénat doit examiner, le 26 octobre, la proposition de loi sur le master, le comité de pilotage du site "trouvermonmaster.gouv.fr" s'est réuni une première fois mi-octobre et les grandes lignes du portail émergent.
Le portail master ne sera ni un nouvel APB...
On savait déjà ce que cette plate-forme ne serait pas. L'accord trouvé par le ministère et l'ensemble des parties prenantes sur la réforme du master est clair : "Ce site n'aura pas vocation à assurer une gestion des vœux."
Autrement dit, cette plate-forme ne sera pas un "admission postlicence", comme le souhaitait la Fage. L’organisation étudiante proposait, dès 2014, en parallèle à l’accès de droit en master des titulaires d’une licence, un système d’affectation des étudiants via un système de vœux, sur le modèle d’Admission postbac.
Mais la multiplication des polémiques autour d’APB et les critiques sur son manque de transparence ont transformé ce portail en un épouvantail, et tant l'Unef que la CPU s'accordent, pour une fois, pour rejeter un tel système.
Hors de question pour les présidents d'université que les étudiants puissent "classer par ordre de préférence" les masters dans lesquels ils postulent et que "la plate-forme se substitue aux universités pour l'inscription", fait savoir Gilles Roussel, président de la commission formation de la CPU.
... ni un simple outil informatif
Selon un document du ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, daté du 11 octobre 2016 qu'EducPros s'est procuré, si le portail recensera de manière exhaustive toute l'offre de formations au niveau master, il permettra également aux candidats de déposer en ligne "la partie commune aux dossiers de candidature" (CV, notes de licence...) et, surtout, de "suivre ces candidatures".
Une solution qui n'est pas tout à fait du goût de l'Unef : "Mieux vaut prévenir que guérir, insiste Sébastien Ramage, élu Cneser de l'Unef. Nous voulons éviter de créer un système qui, quelques années après, pourrait se transformer en une plate-forme de gestion des vœux."
Pour l'organisation étudiante, l'idéal serait de distinguer la plate-forme d'information, nationale, des outils, académiques, permettant d'aider les recteurs de la région académique à mettre en œuvre le droit à la poursuite d'études. Selon le projet de décret adopté par le Cneser, ce sont bien eux qui seront chargés de proposer aux étudiants recalés, qui en font la demande, trois propositions d'admission en master.
Si la plate-forme va faciliter la vie de l'étudiant, c'est surtout des contraintes supplémentaires pour les universités.
le site centralisera candidatures et réponses des universités
Dès lors, pour que le droit à la poursuite d'études soit effectif et pour éviter que le système ne se transforme en une usine à gaz, "le recteur de région devra disposer facilement et de manière automatique de toutes les informations concernant les étudiants qui se retrouvent sans place en master", justifie le cabinet de la ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem.
Concrètement, cela signifie que "le portail doit centraliser les informations et conserver une traçabilité des candidatures des étudiants et des réponses des universités", explique-t-on encore Rue de Grenelle.
Un important travail sur les systèmes d'information
"Si la plate-forme va faciliter la vie de l'étudiant, c'est surtout des contraintes supplémentaires pour les universités", estime Gilles Roussel. Concrètement, celles-ci devront mener "un important travail d'interopérabilité" entre leurs systèmes d'information et celui du site, afin d'automatiser les remontées d'informations. Un travail d'autant plus important que toutes les universités n'utilisent pas les mêmes logiciels d'inscription et que certains établissements n'ont toujours pas de service d'inscription en ligne...
Dans ce contexte, "tout ne sera peut-être pas effectif la première année", admet-on du côté du cabinet, sans plus de précisions. Selon le calendrier du ministère, le portail d'information doit être opérationnel en janvier 2017, pour une ouverture des candidatures en ligne en mars 2017.