Pierre Baylet (Institut Mines-Telecom) : "La question de l'employabilité à long terme se pose vraiment"
Chaque année, l'Institut Mines-Telecom diplôme 3.500 étudiants au sein des treize établissements membres du réseau. Pour Pierre Baylet, directeur développement et métiers de l’Institut, la force des formations proposées est de fournir aux étudiants un socle de compétences qui leur permettra de s'adapter tout au long de leur carrière aux évolutions technologiques. « L'école de Xavier Niel a son propre créneau, mais quel est le modèle pédagogique proposé ? C'est une chose de plonger les jeunes dans le grand bain de l'entreprise, mais leur fournir les recettes ne suffit pas. Il faut leur apprendre à faire la cuisine ! La formation est un métier...
L'idée de révolutionner les cursus me fait sourire. Le rôle de l'enseignement est d'aider les jeunes à mieux comprendre les concepts, à trouver des solutions lorsque des problèmes nouveaux apparaissent. On peut dire ce qu'on veut du système français qui survalorise les diplômes, mais on verra à l'usage comment les élèves de l'école 42 seront considérés par les recruteurs et quelles seront leurs évolutions de carrière. La question de l'employabilité à long terme se pose vraiment. »
Pascal Brier (Syntec Numérique) : "Xavier Niel rappelle certaines vérités"
Premier syndicat professionnel du secteur, Syntec Numérique regroupe 1.200 entreprises françaises, des start-ups aux grands groupes. Pour Pascal Brier, administrateur de Syntec Numérique, l'initiative de Xavier Niel a le mérite de faire bouger les lignes. « Nous nous réjouissons de cette initiative. Depuis plusieurs années, nous ne cessons de dire que le secteur peine à recruter. On nous répond souvent que ça ne va pas durer, que c'est faux. Xavier Niel a rappelé un certain nombre de vérités et je ne changerai pas une ligne de ses propos ! En France, moins de 25% du PIB est tiré du numérique, contre 40% dans d'autres pays. Il faut faire mieux, mais pour cela, l'économique numérique doit être soutenue. De plus, tous les cinq ans, de nouveaux métiers apparaissent. Il faut donc s'y préparer.
Quant à l'école en elle-même, attendons de voir. Est-ce une école de la deuxième chance, qui ouvrira ses portes à des jeunes qui ne seraient pas allés en école d'ingénieurs ou est-ce une école de plus ? Il serait dommage qu'elle aille chasser sur les terres des écoles existantes. J'espère simplement que l'établissement ira agrandir le marché plutôt que d'accroître la compétition entre formations. »