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Bataille de tranchées chez les économistes

Isabelle Dautresme Publié le
Bataille de tranchées chez les économistes
La Bibliothèque de l'Arsenal de l'université Toulouse 1 // ©  JPGPhotos / UT1 Capitole
La création d’une deuxième section économie au CNU n’est pas à l’ordre du jour. La rumeur a pourtant vivement agité la communauté universitaire dernièrement.

Le CNU (Conseil national des universités) va-t-il bientôt accueillir une nouvelle section en économie ? “La ministre Najat Vallaud-Belkacem n’a pris aucune décision et ne prévoit pas d’en prendre prochainement”, affirme-t-on au ministère, à la suite d'une réunion exceptionnelle des membres de la section des sciences économiques, le 5 janvier 2015. La rumeur de la création d’une deuxième section d’économie, intitulée “Institutions, territoires, économie et société”, relayée par Le Figaro, a pourtant agité la communauté universitaire en ce début d'année. Suscitant l’ire de certains présidents d’université ainsi que des membres de la section 5 du CNU.

Pour une économie pluraliste

Pour l’Afep (Association française d’économie politique), qui milite pour davantage de pluralisme en économie, la création d’une section “Économie et société” constituerait pourtant une réponse satisfaisante à “un manque de débat large et contradictoire au sein de la section économie de la CNU, où seule une forme d’analyse économique d’inspiration néoclassique est valorisée”, martèle Nicolas Postel, son secrétaire.

“Cette initiative aurait surtout pour conséquence de discréditer l’économie en tant que science”, rétorque, de son côté, Bruno Sire, président de Toulouse 1. “Nous avons fourni un gros travail de regroupement et de concentration pour donner une taille critique à nos laboratoires d’économie. Avec cette section, on va éclater les équipes de recherche”, met en garde, le président de l’université toulousaine. Et d’ajouter : “C’est du marketing de la part de personnes qui n’arrivent pas à accéder à des revues internationales.” 

C’est du marketing de la part de personnes qui n’arrivent pas à accéder à des revues internationales.
(Bruno Sire, président de Toulouse 1)

Une expérimentation demandée

Du côté de la section 5, les avis sont moins tranchés. “Un quart à un tiers des membres présents à la réunion du 5 janvier se sont dits favorables à une nouvelle section”, affirme David Flacher, directeur du centre de recherche en économie de Paris Nord (CEPN) et membre du conseil.

En attendant une réponse définitive du ministère, l’Afep compte bien continuer de réclamer qu’une expérimentation soit menée. “Plus de 300 enseignants-chercheurs en économie ont d’ores et déjà signé une déclaration dans laquelle ils manifestent leur souhait de rejoindre une section d’économie qui favoriserait le pluralisme”, souligne Nicolas Postel. Et d'affirmer : “Si, alors, les résultats ne sont pas au rendez-vous, on en tirera les conclusions.”


Isabelle Dautresme | Publié le