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EdTech : une transition digitale puissante mais lente

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EdTech : une transition digitale puissante mais lente
Le Wise 2015 a été l'occasion de faire un point sur les tendances en vogue sur le marché des EdTech. // ©  WISE
Doté d’un potentiel de croissance gigantesque, le marché des EdTech commence à peine à bouleverser les manières d’apprendre et de transmettre. Dans le cadre du sommet WISE (World Innovation Summit for Education), qui s'est achevé le 4 novembre à Doha, le fondateur de la plateforme EdTech Europe, Benjamin Vedrenne-Cloquet, a présenté les quatre tendances en vogue de ce secteur en ébullition.

#1 Un potentiel immense de croissance

La révolution digitale en jeu dans l'éducation est comparable à celle qui a bouleversé l'industrie des médias il y a dix ans, observe le fondateur de EdTech Europe, Benjamin Vedrenne-Cloquet, qui fut directeur de la stratégie de Warner. "La structure du business est la même et se décompose en trois temps: production de contenus, distribution et impact", souligne l'entrepreneur.

Toutefois, la part du digital dans l'éducation n'est aujourd'hui que de 2% quand elle atteint 35% dans d'autres industries de contenus. À l'inverse, le marché mondial de l'éducation pèse 4.3 trillions de dollars, soit trois fois la taille des industries de contenus.

Le potentiel de croissance de ce secteur est donc immense, même s'il s'agit d'un marché à croissance lente, remarque Benjamin Vedrenne-Coquet. En cause : le nombre d'intermédiaires (écoles, élèves, enseignants) qui ralentissent le processus, estime Benjamin Vedrenne-Cloquet. Dans l'enseignement supérieur, sa croissance est toutefois plus rapide.

#2 L'éducation, un service "premium"

Comme dans d'autres industries de contenus (médias, musique), le numérique repositionne l'éducation non plus comme un contenu, mais comme un service. Dans ce contexte, les savoirs et les cours diffusés, via les Mooc par exemple, doivent-ils être payants ?

Pour Benjamin Vedrenne-Cloquet, la question de la certification reste centrale et détermine la limite entre des contenus éducatifs gratuits et des contenus payants. "Tout ce que vous pouvez apprendre restera gratuit, explique-t-il. Mais dès qu'il s'agit d'obtenir une certification, alors vous devrez payer".

#3 Des pays émergents en pole position

C'est indéniablement dans les pays émergents que les perspectives de croissance de l'éducation numérique sont les plus importantes, résume Benjamin Vedrenne-Cloquet. 90% des moins de 30 ans vivent dans ces pays, au Moyen-Orient, en Asie ou en Afrique. Les infrastructures de qualité y font encore défaut et les besoins de formation, notamment supérieure, de la population sont colossaux.

Les groupes privés d'enseignement supérieur comme les grandes entreprises internationales sont en train d'investir ce marché pour former les cadres et "middle managers" dont elles ont besoin sur le terrain.

Les modèles d'éducation déployés dans ces économies en plein développement sont à observer avec attention, alerte Benjamin Vedrenne-Cloquet : "Le prestige des systèmes éducatifs français et anglais va s'estomper. On aurait intérêt à l'avenir à s'inspirer d'autres modèles et à les exporter."

Le prestige des systèmes éducatifs français et anglais va s'estomper.

#4 Du diplôme aux compétences

"Nous sommes convaincus que la vitesse d'obsolescence des compétences va s'accélérer", constate encore Benjamin Vedrenne-Coquet, obligeant chacun à constamment mettre à jour et renouveler son capital initial de connaissances. Et de citer quelques-unes des compétences les plus prisées sur le réseau social LinkedIn : l'analyse statistique, la capacité à coder et à intégrer de nouveaux logiciels et les compétences managériales...

Pourtant 36% des employeurs ne trouvent pas les compétences dont ils ont besoin et 36% des actifs s'estiment sous-employés. En ce sens, l'enseignement supérieur doit répondre à cette recherche renouvelée de compétences et anticiper en permanence sur les savoirs être et les compétences qui seront recherchées demain. La notion de diplôme, "notion monolithique", doit être repensée et découpée en "compétences clés", évalue Benjamin Vedrenne-Cloquet.

Ces mutations se jouent dans un contexte totalement mondialisé, constate-t-il. "Aux États-Unis, il y aura demain des géants de la distribution du savoir universitaire. Dans ce domaine, une course au leadership mondial est engagée, et peu de marques françaises sont positionnées pour gagner cette bataille."

Qu'est-ce qu'EdTech Europe ?
Edtech Europe est une plateforme de mise en relation entre investisseurs et entrepreneurs des EdTech. Elle organise en juin à Londres un événement annuel, la conférence EdtechX Europe, qui réunit les principaux acteurs européens de cet écosystème. Cet événement réunit 4.000 entreprises, 500 directeurs généraux et 200 investisseurs. En 2016, un premier événement "EdtechX Asia" se tiendra à Singapour.

En parallèle, le fonds d'investissement Ibis capital, créé en 2005 et dont Benjamin Vedrenne-Cloquet est l'un des associés, gère deux fonds :  l'un de 10 millions de dollars et l'autre de 600 millions de dollars, principalement investis dans les médias numériques. La globalisation de l'éducation et des curriculums, le besoin en compétences et l'apprentissage tout au long de la vie, le "massive learning", les EdTech dans les marchés émergents, l'éducation "low cost" et les plateformes digitales de contenus éducatifs sont les cinq thèmes d'investissement de ce fonds. Ibis Capital a récemment réalisé deux opérations dans ce secteur avec Primotoys, des jouets connectés pour les enfants de 3 à 6 ans développant les compétences en codage, ainsi qu'un partenariat entre QS (World University Rankings) et le groupe japonais Mitsui.

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