« Il n’y a pas de crise des vocations », assurait Vincent Peillon lors de la traditionnelle conférence de presse de rentrée, fin août 2012. Six mois plus tard, les chiffres des inscriptions au premier concours Peillon de recrutements des enseignants pour la session 2014 semblent donner raison au ministre de l’Education. 138.000 candidats souhaitent accéder à la nouvelle formation qui sera dispensée dans les ESPE (Ecoles supérieures du professorat et de l’Education) dès la rentrée 2013. Cela représente une hausse de 46% du nombre d’inscrits par rapport à la dernière session (94 300).
138.000 inscrits au second concours, 94.000 à la session précédente
Les « vocations » pour enseigner dans le premier degré progressent plus fortement (+ 57% d’inscrits par rapport à la session précédente) que pour devenir professeur des collèges et des lycées (+36%).
Bonne nouvelle tout de même pour le secondaire : le nombre d’inscrits en mathématiques, lettres modernes, anglais et éducation musicale, disciplines jusqu’alors très déficitaires, devraient permettre de pourvoir les postes offerts à la session 2014. « Nous avons entre 50 et 75% d’inscrits en plus », s’est réjoui Vincent Peillon le 24 février sur BFM TV.
Deux concours, deux chances
Deux causes mécaniques permettent d’expliquer la forte hausse des inscrits au second concours 2013 pour la session 2014. D’une part, l’extension du vivier de candidats pour cette session exceptionnelle dont les inscriptions ont été ouvertes en janvier-février 2013, au lieu de juin-juillet 2013 traditionnellement. En effet, les étudiants de première année de master ont été autorisés à s’inscrire, alors que seuls ceux de master 2 avaient pu le faire lors de la session précédente.
D’autre part, la précaution sans doute prise par une bonne partie des aspirants professeurs de s’inscrire aux deux concours (session 2013 et 2014) proposés cette année. Le nombre d’inscrits est donc aussi exceptionnel que le concours lui-même. Pour ce premier concours Peillon, les épreuves d'admissibilité auront lieu en juin 2013 et les épreuves d'admission en juin 2014.
Le discours - et la formation - comme méthode
Vincent Peillon lui, préfère mettre la « bonne nouvelle » sur le compte du discours positif porté sur le métier d’enseignant et de la restauration de la formation. Sortie d’un contexte exceptionnel, la prochaine session devrait permettre de dire si l’optimisme du ministre est bien contagieux. Et si la formation des enseignants dispensée dans les Espé rassure.
Les conclusions du groupe de travail sénatorial sur le pré recrutement dans l'Education nationale ont été communiquées à la commission de la culture, de l'éducation et de la communication le 27 février 2013. Ce dispositif vise à pallier la crise de recrutement en motivant davantage, et plus tôt, les étudiants et à diversifier les profils.
Pour y parvenir, le groupe de travail préconise de « commencer le processus en licence » et de « concevoir des parcours continus de formation sur cinq ans », dès la L1, pour permettre aux étudiants issus des classes populaires, peu nombreux à accéder au niveau master, d’embrasser la carrière enseignante. La L1 serait donc une « année de découverte et d’orientation ». Les deux années suivantes (licence 2 et 3) serviraient à la « sensibilisation par l’observation » et à une « préprofessionnalisation progressive grâce à des stages de pratique accompagnée ». Enfin, les deux années de master viendraient parachever la professionnalisation. Les futurs enseignants y approfondiraient leurs savoirs et leurs compétences « par l’élargissement des terrains de stages ». Mais cette maquette de formation ne devrait pas être figée et des passerelles devraient permettre d’accueillir aussi bien des étudiants après un DUT, un BTS, une classe préparatoire, que des salariés en reconversion destinés à enseigner en lycée professionnel.
Cette nouvelle organisation de la formation est sous-tendue par une conception de l’enseignement comme « un métier qui demande l’acquisition de techniques spécifiques grâce à une formation professionnelle adaptée ». En clair, le groupe de travail rejette le débat entre « le modèle du "savant" et celui du "pédagogue" », qu’elle juge « artificiellement construit et amplifié ».
Lire la note de synthèse du groupe de travail sénatorial