"Si la gauche est au pouvoir, le parti socialiste garde sa liberté de ton, et la règle s'applique aussi à l’enseignement supérieur et à la recherche", a tenu à rappeler Isabelle This Saint-Jean, secrétaire nationale en charge du secteur, le 14 octobre 2014.
"Le parti socialiste peut s’exprimer et avoir une parole autonome, sans jouer contre le gouvernement, que nous soutenons. Il est urgent de traiter le manque de moyens financiers pour l'ESR", résume l’ancienne présidente de Sauvons la recherche.
Plus de moyens pour l'emploi scientifique
"Nous demandons un effort supplémentaire", explique-t-elle, évaluant les besoins à 500 millions d'euros de plus par an. Une condition sine qua non pour débloquer l’emploi scientifique, au cœur de ses inquiétudes.
"Si les stocks d’emplois peuvent apparaître en légère progression, ce sont les flux qu’il faut regarder. Ces derniers montrent un important ralentissement des sorties [départs en retraite], notamment pour des raisons démographiques, et une pression de plus en plus forte à l’entrée. Avec un âge moyen pour le premier poste de titulaire dans la recherche qui s’élève à plus de 33 ans !", se désespère-t-elle.
Les campagnes de recrutement des organismes ("300 postes cette année au CNRS"), de même que la création des 1.000 emplois annuels – "que les universités, en difficulté financière, ne peuvent pas créer en grande partie" – ne suffiront pas à régler le problème, souligne la secrétaire, se rapprochant ainsi des constats du mouvement Sciences en marche.
les solutions avancées : CIR, Europe et CPER
Que propose le parti socialiste pour trouver ces moyens supplémentaires ? Tout d'abord de diminuer le CIR (Crédit d'impôt recherche) et de le conditionnner à l'embauche de docteurs pour les grands groupes. Le futur plan d’investissement européen de 300 milliards d’euros est aussi l'une des solutions : "L'ESR doit y figurer comme priorité", préconise-t-elle.
Enfin, les CPER (Contrats de projets État-région) doivent être revus à la hausse, car ils permettent aussi de lever des fonds pour l'ESR auprès des collectivités locales, ajoute Isabelle This Saint-Jean, "le Premier ministre s'y est engagé".
Ces problèmes budgétaires sont "un héritage de la droite, qui a laissé les universités dans cette situation grave", tient tout de même à rappeler la vice-présidente ESR du conseil régional d’Île-de-France, qui délivre également des bons points à l'action du secrétariat d'État. "De nombreuses choses ont été faites et les signaux vont dans le bon sens, sur les bourses, le logement étudiant, les regroupements d’établissements ou encore la préservation du budget, reconnaît-elle. Mais étant donné la situation, il faut aller plus loin et surtout tenir un discours de vérité aux universitaires."