Dix millions de plus pour les universités. Dans un entretien accordé à Libération dans son édition du 19 mars 2018, Frédérique Vidal a annoncé qu’une enveloppe supplémentaire venait d’être débloquée par le Premier ministre pour financer la mise en place des parcours personnalisés. "Je n’ai jamais entendu un collègue dire que des modules d’accompagnement pour aider leurs élèves à réussir n’étaient pas une bonne idée. Jamais. La seule crainte, c’est le coût financier", a tenu à rappeler la ministre dans l'entretien.
Il faut dire que bon nombre de voix se sont élevées pour prévenir la Rue de Grenelle de l’impossibilité de mettre en place ces parcours, dès la rentrée 2018. Ces fameux dispositifs de remédiation ou de remise à niveau, selon le nom qu’on leur donne, constituent pourtant l’une des évolutions majeures de la réforme du premier cycle. Ils doivent pouvoir être proposés aux candidats, qui se verront attribuer par les universités un "oui, si" via la plate-forme Parcoursup.
8 millions pour les modules, 2 millions pour les enseignants
Il y a quelques semaines, devant les députés, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche l’assurait : ces dispositifs seront prêts à temps. Sur le terrain, le message est moins optimiste. "Nous travaillons en ce moment même avec les huit composantes [de l’université], pour étudier filière par filière comment déployer les 'oui, si', détaillait à EducPros Matthieu Gallou, président de l’université de Bretagne occidentale. En tout état de cause, ces parcours concerneront peu de filières cette année. On ne forcera pas. Pour la rentrée 2018, nous les mettrons en place si nous sommes sûrs d'apporter un vrai bienfait aux étudiants."
Outre la question du calendrier, c’est également celle des moyens qui complique la mise en place de ces dispositifs. C’est ce que notaient les inspecteurs généraux, dans une note confidentielle envoyée aux recteurs d’académie et révélée par "Le Monde". "Il y a des problématiques de coûts à bien identifier. Nous y allons prudemment du point de vue financier. Nous devons nous assurer d'en avoir les moyens avant de déployer les dispositifs à grande échelle", alertait en février Dominique Averty, vice-président formation de l'université de Nantes, à la tête du réseau des élus chargés de la formation.
Sur les 10 millions débloqués, Frédérique Vidal précise que 8 millions seront fléchés vers les modules d’accompagnement, "quand 2 viendront s’ajouter aux 6 millions déjà débloqués pour mieux indemniser les enseignants-chercheurs". En revanche, aucune précision n'a pour l'heure été donnée sur la provenance de ces fonds.