Les manifestations contre le processus de Bologne, qui ont réuni, les 14 et 20 novembre 2008, des dizaines de milliers d’étudiants dans les grandes villes d’Espagne, ont fait place à des occupations d’universités comme à Barcelone où le rectorat de l’UB (Universitat de Barcelona) est occupé par des dizaines d’étudiants. Le paradoxe est que Bologne n’est pas vraiment la cause du mécontentement.
« Nous prenons Bologne pour cible, car c’est l’argument qu’invoquent les autorités pour faire passer leurs réformes », précise l’un des contestataires. Tout en réclamant un moratoire de la création de l’Espace européen de l’enseignement supérieur, ceux qu’on appelle ici les « antibolonia » dirigent leurs tirs contre le gouvernement central et les gouvernements régionaux, accusés, par exemple, de vouloir éliminer certaines licences. La hausse des droits d’inscription – qui dépend de chaque Communauté autonome –, le prix des masters ou le nombre de bourses proposées aux étudiants sont d’autres sujets de préoccupation.
Le paiement de droits d’inscription pour des matières conçues sous forme de stages en entreprise est mal perçu. Autant d’éléments qui alimentent la crainte d’une « privatisation de l’université » renforcée par le récent transfert des universités du ministère de l’Éducation à celui de la Science et de l’Innovation. Dans ce contexte, le secrétaire d’État aux universités, Marius Rubiralta, a beau déclarer « qu’il faut séparer Bologne de problèmes comme le financement ou les relations entre le public et le privé abordés par le gouvernement dans son plan Stratégie 2015 », les « antibolonia » sont décidés à rester sur le pied de guerre.