Et si les trésors cachés des laboratoires s'exposaient au grand jour ? En juin 2012, une poignée d'étudiants de l'ESPCI ParisTech se lancent un défi : faire connaître au public les innovations technologiques conçues par les chercheurs et les diplômés de l'école d'ingénieurs parisienne.
"Au cours de son histoire, l'ESPCI a vu naître dans ses laboratoires de nombreuses inventions, s'enthousiasme Noëlig Dagorn, 21 ans, président de l'association étudiante EPICS et en deuxième année du cycle ingénieur. Mais peu de personnes le savent. Nous avons donc voulu mettre à l'honneur nos chercheurs pour valoriser leur travail mais aussi pour faire parler de notre établissement." Avec près des deux tiers des diplômés qui poursuivent en thèse chaque année, l'école a fait de la recherche l'un de ses axes forts de développement, grâce notamment à ses 17 laboratoires. De quoi alimenter le carnet à idées des élèves ingénieurs.
Une initiative au budget de 60.000 €
Désormais, l'association EPICS rassemble 90 adhérents, âgés en moyenne de 21 ans. Elle est devenue en moins d'un an la plus importante structure associative de l'école. "Dès le début de l'aventure, nous avons voulu viser haut en démarchant des lieux d'exposition réputés, comme le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l'industrie, se souvient Alexis Robert, en troisième année et responsable de la communication de l'association. Le plus difficile fut de convaincre nos interlocuteurs de la viabilité et du sérieux de notre projet."
Au fil des mois, EPICS décroche des partenariats. Outre l'école, des industriels (Michelin, Safran, Schlumberger) et des organismes publics tels que la fondation Pierre-Gilles de Gennes ou le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche apportent leur soutien à l'association, dont le budget atteint aujourd'hui 60.000 €.
Du côté des chercheurs, là aussi, il a fallu convaincre. "Nous avons dû adapter notre discours, car entre chercheurs et ingénieurs, la mentalité n'est pas identique, concède Alexis Robert. Et puis, de façon bien plus concrète, nous leur avons proposé des solutions pour, par exemple, protéger leurs inventions." Au final, une quinzaine d'innovations ont été retenues, parmi lesquelles un prototype du Pianocktail, inventé par Boris Vian dans le roman L'Écume des jours, ou encore la technologie ReverSys, qui transforme toutes les surfaces en objet tactile.
"Nous voulons que le projet se duplique dans d'autres écoles"
Si les étudiants reconnaissent volontiers que cette expérience leur a appris l'art de la communication et de la négociation, l'école quant à elle se réjouit de ce dynamisme. "Il est clair que nous n'aurions jamais pu mobiliser 90 personnes sur un tel projet de valorisation de notre recherche, constate Sylvain Gilat, directeur communication et développement international de l'ESPCI. Bien évidemment, leur projet concourt à la notoriété de l'établissement. Mais il faut bien avoir en tête que les premiers bénéficiaires de cette réputation, ce sont eux ! Et ils comprennent très bien ce discours."
A la suite des deux expositions, le bureau d'EPICS sera renouvelé pour que les nouveaux étudiants de l'école prennent le relais. "Notre but est clairement que l'initiative soit reconduite l'année prochaine, affirme Noëlig Dagorn. C'est notre objectif à moyen terme. Mais à long terme, nous aimerions que d'autres étudiants dupliquent cette initiative dans leur établissement. Nous voulons montrer que notre génération, de par son dynamisme peut aider à réconcilier sciences et grand public."
- Moi, chercheur et inventeur, Palais de la découverte du 25 février au 6 avril 2014.
- Inventeurs d’Avenirs, Cité des sciences et de l’industrie du 22 au 27 avril 2014.
EducPros organise, le 4 juin 2014, sa dernière conférence de l'année sur le thème : "Comment mettre en valeur votre recherche et vos chercheurs ?". Visibilité, financement, impact sur le développement économique, transfert de technologie... Telles seront les questions abordées au cours de cette journée.
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