Un an après l'installation des Espé, la commission d'information du Sénat revient, dans un rapport intitulé : "An I des Espé : un chantier structurel", sur les difficiles conditions de mise en oeuvre de ces nouvelles écoles.
La liste des défis que les Espé doivent relever est encore longue : professionnalisation des parcours, formation aux outils et ressources numériques, coopération entre l'école et les autres composantes universitaires... Le rapport qui ne cache rien des fortes disparités géographiques et disciplinaires se veut néanmoins constructif. Il émet des recommandations - dont certaines très concrètes - visant à permettre aux Espé d'atteindre leur objectif : "former des enseignants de la maternelle à l'université ainsi que l'ensemble des professionnels de l'éducation."
Renforcer les liens entre les Espé et les universités
“L’Espé nouvelle n’est pas seulement une construction juridique et administrative chargée de fédérer diverses formations”, rappelle Jacques-Bernard Magner, rapporteur de la mission sénatoriale.
Pour faire émerger un “esprit d’école” et une culture commune, à tous les enseignants, “au-delà des différences d’identités professionnelles et de statuts”, la commission préconise notamment un renforcement des troncs communs de formation. Pour l’heure, seulement deux écoles sur trois les ont mis en place.
La commission insiste également sur la nécessité de constituer “des équipes pluricatégorielles de formateurs professionnels”, venus du terrain. “L’erreur à ne pas commettre, c’est de recruter des formateurs hors-sol, qui n’auraient plus de liens réels avec les élèves”, prévient Jacques-Bernard Magner.
L’Espé nouvelle n’est pas seulement une construction juridique et administrative chargée de fédérer diverses formations
Quant à la question de l’autonomie budgétaire des Espé, elle ne pourra être assurée qu’à la condition que soit établi un contrat d’objectifs et de moyens entre la composante, l’université intégratrice et le rectorat. “C’est à partir de ce document, fondé sur des données comptables et financières objectives que peut être déterminé le niveau de contribution d’équilibre de chacun des partenaires” peut-on lire dans le rapport.
Et pour que ces écoles aient “une vision plus précise de leurs besoins”, la commission préconise une inscription pédagogique des étudiants des masters MEEF dans l’Espé, complétée par une inscription administrative à l’UFR concernée.
Une formation professionnelle dès la L1
En outre, en réponse à la crise de recrutement des métiers de l’enseignement, et parce que “la formation des enseignants demande du temps et de la continuité”, la commission sénatoriale recommande de faire débuter cette formation dès la première année de licence, “en prenant soin d’articuler l’académique et le professionnel”.
Au regard du nombre de chantiers sensibles en cours et des questions non tranchées, "l'année 2014-2015 s'annonce cruciale" conclut Jacques-Bernard Magner.