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ESPÉ : les points en débat

Olivier Monod Publié le
De la théorie à la pratique. Les futures Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation n'ont plus que quelques mois pour être prêtes à fonctionner. Avec encore des incertitudes autour du contenu des masters, de la gouvernance des ESPE, ou encore de la place de ces structures par rapport aux universités.

Les ESPÉ (Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation) doivent accueillir leurs premiers étudiants... dans moins de 5 mois, en septembre 2013. Début avril, les maquettes des formations font encore la navette entre les académies et les ministères, qui s’activent pour faire émerger ces nouvelles entités à temps.

Plusieurs orientations sont laissées ouvertes par la loi, ce qui donne matière à débat dans la communauté, pressée de mettre en place ces nouvelles structures dans un délai serré.

Quels contenus pour la formation ?

Les ESPÉ seront accréditées pour délivrer des masters MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation). L’objectif étant que les différents acteurs de l’éducation, de la maternelle au supérieur, se croisent : des parcours existeront, au sein de ces masters, pour les futurs professeurs des écoles, du secondaire, de l’enseignement professionnel et les futurs CPE (Conseiller principal d'éducation). Avec une volonté première énoncée par l’Etat : professionnaliser la formation des enseignants.

Sur le fond, c’est bien la formation des futurs enseignants en collège et lycée qui fait débat. Le concours devrait avoir lieu en fin de master 1, mais sur quel contenu ? Le gouvernement affirme vouloir rendre le concours plus professionnalisant.

Au point de faire écrire à Paul-Henri Giraud, membre du jury du CAPES d’espagnol, sur un blog du Monde, que "les futurs enseignants seront, il faut le craindre, des ignares dociles". Le débat récurrent opposant l'académique et la professionalisation se poursuit ainsi.

A l’inverse, la CDIUFM estime que les maquettes actuelles ressemblent à "un replâtrage centré sur les enseignements disciplinaires teintés d’un peu de professionnalité. Nous sommes très loin des ambitions annoncées en matière de professionnalisation."

D'autres observateurs constatent que, du fait de l’urgence, les responsables locaux ajustent simplement les maquettes précédentes aux nouveaux désirs ministériels, sans provoquer de révolution majeure.

Quel niveau d’autonomie pour l'EspÉ ?

L'objectif est de créer une ESPÉ par académie. Celle-ci sera accréditée, ce qui habilitera les établissements partenaires à délivrer les diplômes de master.  Sur son site, le MESR précise : "Ce sont des composantes des universités au même titre que les autres écoles et instituts prévus au code de l'éducation."

En pratique, chaque territoire apporte sa réponse, certains optant pour un hébergement de l'ESPÉ par le PRES, d’autres par l'une des universités de l'académie.

Une récente note du MESR laissait à penser que la mise en place du master serait laissée aux universités et non confiée aux ESPÉ. Ce qui est venu attiser la peur de certains de voir ces écoles se composer uniquement d’un bureau, avec un directeur et une secrétaire, et de constituer une coquille vide.

"La formation [des enseignants] est organisée par les universités, et assurée par des équipes pédagogiques relevant des diverses composantes concernées des établissements supérieurs de l’académie", disait ainsi la note signée par Simone Bonnafous (DGESIP) et Jean-Paul Delahaye (DGESCO).

En effet, le nombre d’enseignants-chercheurs dévolus à l’ESPÉ dépend de la volonté des établissements. De plus, l’ESPÉ ne sera pas nécessairement associée à un bâtiment physique en dur. Elle devra intervenir dans toute l’académie et sera très certainement éparpillée.

C’est ce que redoute la CDIUFM : "le futur professeur n’aura ni équipe pédagogique, ni lieu identifié, ni cadre de formations véritablement commun : il ne s’agira pas d’une école au sens où les députés et les sénateurs entendent ce terme quand ils votent la loi."

Quelle gouvernance ?

Les ESPÉ seront dirigées par un directeur, élu par un conseil de direction, puis nommé par l’Etat. Un conseil scientifique et pédagogique sera également mis en place. La composition de ces instances devrait respecter les principes habituels qui régissent la gouvernance des universités.

Actuellement, c'est un comité de pilotage qui gère le dossier dans chaque académie, avec des fortunes diverses. Sa composition est variable. Les anciens directeurs d’IUFM ne sont pas systématiquement mobilisés.

Il est a minima composé de représentants des différentes composantes impliquées sur le territoire. Les représentations syndicales et étudiantes sont absentes. (retrouvez sur le site du SNESUP la composition des comités de pilotage). Un montage hors-sol pas forcément apprécié sur le terrain.

Olivier Monod | Publié le