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États-Unis. Olin College, les secrets d’une école-labo

De notre correspondante aux Etats-Unis, Jessica Gourdon Publié le
États-Unis. Olin College, les secrets d’une école-labo
À Olin, peu de cours traditionnels mais beaucoup de projets en équipe. // ©  Olin College
En seize ans d’existence, le Franklin W. Olin College of Engineering, dans les environs de Boston, est devenu l’une des écoles les plus en vue des États-Unis. Des délégations de tous les États-Unis, et même de l’étranger, viennent observer cet établissement, qui s’est hissé à la troisième place du classement des écoles d’ingénieurs (hors universités de recherche) de US News&WorldReport. Les employeurs l’encensent. EducPros a listé les ingrédients de son succès.

#1 Une ambiance familiale

Olin College est très petit : 343 étudiants (répartis sur les quatre années du Bachelor), et 40 professeurs permanents. Tous les élèves vivent sur le campus. De quoi créer une ambiance familiale et faciliter la communication entre les élèves et les profs.

Le cout de la scolarité affichée est de 45 000 dollars par an (hors logement et autres frais annexes), mais il existe de multiples possibilité de bourses, mais très peu paient ce prix, meme s'il est dans la moyenne de ce qui se pratique aux Etats-Unis. Tous les étudiants touchent ainsi une bourse de mérite de 22 500 dollars par an.

#2 Des étudiants qui co-développent le cursus

C’est l’une des marques de fabrique de l’école. Les étudiants sont sondés sur leur cursus, et participent, avec les professeurs, à la création de celui-ci. "On essaie en permanence d’avoir des feed-back des étudiants, surtout pour les nouveaux cours. Cela permet aux étudiants de s’approprier leur apprentissage", affirme Jessica Townend, professeure de mécanique, et doyenne adjointe.

#3 Un recrutement paritaire et axé sur la sociabilité 

Si Olin College a le même nombre d’étudiants que d’étudiantes (alors que l’école a plus de postulants masculins), ce n’est pas un hasard. Olin estime qu’un environnement paritaire est meilleur pour l’apprentissage, donne plus confiance aux filles, et qu’il est important, pour la société, d’avoir davantage de femmes ingénieures. "Nous avons assez de candidates pour nous permettre de faire un sélection parmi elles", explique Vincent Manno, doyen de la faculté.

Pour sélectionner ses étudiants, Olin effectue un premier tri en fonction des notes, puis organise des entretiens collectifs, axés sur les capacités à travailler en groupe et vivre en communauté. Olin demande aux lycéens qui viennent pour les oraux de tester l’école pendant un week-end, en participant à des projets, des cours. Histoire que la sélection se fasse dans les deux sens. L’un des viviers de recrutement d’Olin, ce sont les équipes gagnantes des concours scientifiques de lycéens. "Ces élèves ont une culture que nous apprécions", affirme Jessica Townend. 

#4 Une pédagogie PAR projet

À Olin, les étudiants suivent peu de cours traditionnels, mais réalisent beaucoup de projets en équipe. "Nous ne voulons pas transmettre des savoirs, mais aider les étudiants à les découvrir par eux-mêmes", affirme Vincent Manno. En quatre ans, chaque étudiant réalise entre 15 et 20 projets. "Dans l’un des premiers cours, on leur demande d’observer des insectes qui sautent, comprendre comment ils font et construire un objet qui saute de la même façon. Cela fait intervenir des notions de maths, de design, d’informatique", illustre Vincent Manno. Durant les deux dernières années, les étudiants réalisent des projets pour le compte d’entreprises – que cela soit Boeing, Microsoft ou des petites start-up.

Dans l’un des premiers cours, on demande aux étudiants d’observer des insectes qui sautent et de construire un objet qui saute de la même façon.
(V. Manno)

#5 les passions mises en avant

L’aspect ludique est au cœur de la pédagogie d’Olin. "On pense que les étudiants travailleront plus s'ils ont du plaisir à ce qu’ils font", affirme Vincent Manno. Aussi, chaque étudiant est encouragé à cultiver ses passions (que cela soit les jeux vidéo, la musique...), l’établissement les considérant comme des leviers d’apprentissages dans les cours, notamment pour les projets de groupe. Chaque étudiant peut obtenir une bourse (de 200 $) pour l’aider à payer sa trompette, ou son équipement d’escalade.

#6 Une perspective "design"

Dès le départ, Olin inculque à ses étudiants l’importance du design et de l’expérience utilisateur. "Pour l’un des projets, on demande à des groupes de créer un jeu pour un enfant de 10 ans. Pour cela, on les envoie dans une école du coin interroger les écoliers. À la fin, les enfants viennent tester les jeux, et ce sont eux qui notent les étudiants. L’idée est de leur apprendre à créer quelque chose qui est avant tout aimé par les gens. Et c’est amusant de voir à quel point certains jeunes de 18 ans ne savent pas ce qui amuse un enfant d’aujourd’hui", nous dit Vincent Manno.

Cette attitude, combinée à la capacité de travailler en équipe, est très appréciée des employeurs. "Ils nous disent que nos diplômés sont au niveau de ceux qui sont depuis deux ans en entreprise. Ils sont capables de communiquer, et sont très adaptables", affirme Jessica Townend. Six mois après leur sortie, 95% des diplômés sont soit employés, soit inscrits en master dans une université (environ 40% d’une promo).

#7 Peu de recherche traditionnelle

Les professeurs ne sont pas dans la course aux publications académiques. "Nous ne sommes pas une université de recherche", résume Vincent Manno. Mais cela ne signifie pas qu’Olin ne fait pas de recherche. Les travaux des professeurs sont avant tout tournés vers la pédagogie, ou considérés comme des moyens d’initier les étudiants à la recherche.

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Ce qu’Olin ne fait pas
- Les étudiants n’ont pas de stages obligatoires – même si beaucoup profitent des dix semaines de vacances d’été pour en faire.

- Les séjours d’études à l’étranger sont peu développés (15 étudiants ont effectué un semestre à l’étranger en 2014-2015).

- Les étudiants se servent de matériel pédagogique en ligne, mais n’ont pas de cours obligatoires en ligne. L’école n’a pas créé de Mooc. "Nous pensons que notre valeur ajoutée se situe dans l’interaction personnelle entre les étudiants et les enseignants", affirme Jessica Townend.
De notre correspondante aux Etats-Unis, Jessica Gourdon | Publié le