C'est un coup de tonnerre sur le marché mondial de la formation des cadres dirigeants : la business school espagnole IE (Instituto de Empresa) vient d'annoncer un partenariat avec le "Financial Times", le quotidien de référence en Europe pour l'économie et les affaires. Objectif : offrir des programmes de formation continue sur mesure, en "présentiel" et en ligne, adaptés aux besoins des entreprises. La nouvelle alliance, baptisée FT/IE CLA (pour "Corporate Learning Alliance") entend ainsi "combiner le point de vue des journalistes du FT avec l'expertise universitaire de l'IE", comme l'explique John Ridding, le PDG du journal britannique.
"Nous sommes convaincus que le marché de l''executive education' va continuer à croître, souligne de son côté Santiago Iñiguez, doyen de l'IE. Le 'Financial Times' produit une grande quantité de contenus en management, notamment avec ses activités d'édition. Il représente pour nous un allié de poids, qui nous ouvrira l'accès à d'importantes bases de données sur les entreprises et à un grand nombre d'articles de fond. Nous allons ainsi pouvoir proposer un nouveau type de programmes." L'initiative constitue en tout cas une pierre dans le jardin d'HEC, leader mondial de la formation sur mesure pour dirigeants selon les classements que publie... le "Financial Times".
Les deux nouveaux alliés ne sont d'ailleurs pas les seuls engagés dans l'opération : une dizaine de business schools réputées, principalement d'Asie et d'Amérique latine, y sont également associées. Parmi elles, la SMU (Singapore Management University), Yale Business School (États-Unis), la Fondation Getulio Vargas au Brésil ou l'Antai College de l'université Jiao Tong de Shanghai. Des pourparlers sont en cours avec d'autres institutions, notamment en Europe.
Risques de conflit d'intérêts
Ce n'est pas la première fois que de grands médias s'impliquent dans l'éducation. Le "New York Times" coopère régulièrement avec des business schools et publie des ouvrages de management. En France, "Les Échos" disposent d'un département formation. Le groupe Bertelsmann, en Allemagne, est également éditeur de livres de gestion. Entre les deux univers, la proximité semble évidente. Mais l'opération menée par l'IE va plus loin avec un partenariat de long terme sur plusieurs programmes d'"executive education".
L'apparition de cette nouvelle alliance soulève cependant la question du conflit d'intérêts : comment un journal, opérateur d'une série de classements qui font autorité dans le monde des business schools - dont un consacré à l'"executive education" - peut également devenir un acteur de ce même domaine ? Santiago Iñiguez se veut pourtant rassurant : "Nous avons pleine confiance dans l'indépendance des journalistes du 'Financial Times'", affirme-t-il. Mais même si l'IE n'apparaissait plus dans les palmarès qu'il publie, le FT pourrait-il conserver sa position d'arbitre entre les business schools ?