Départ du directeur général Bernard Belletante début 2014, nomination d'un nouveau patron, démission en juillet du numéro deux Philip McLaughlin, tensions en interne, notamment sur le site de Bordeaux... C'est une période agitée que traverse Kedge, la business school issue de la fusion d'Euromed Management avec BEM.
"Rien de surprenant, estime François Pierson, le président du conseil d'administration de l'école. Une fusion est toujours une période délicate à gérer. À Bordeaux, par exemple, les personnels ont, en quelques mois, quitté la tutelle directe de la CCI pour rejoindre une structure associative, laquelle a ensuite fusionné avec une autre association, celle d'Euromed. Ils ont subi un double bang. Nous sommes peut-être allés un peu trop vite en besogne."
Conscient du malaise, le conseil a missionné début 2014 le cabinet Calypso, spécialisé en RH, pour permettre aux équipes bordelaises d'exprimer leurs doléances. Une centaine d'interviews ont ainsi été réalisées auprès des enseignants et des administratifs. Ce qu'il en ressort ? Des interrogations sur la nouvelle structure, une demande de simplification, l'attente de décisions plus rapides...
un nouveau directeur général et un nouveau DRH
Aujourd'hui, François Pierson se veut rassurant. "La fusion est réussie. Il n'y a pas eu un seul licenciement, malgré des doublons ici ou là. Nous avons entendu les inquiétudes de certains. Nous devons maintenant passer à l'étape suivante : faire en sorte que tout fonctionne de façon harmonieuse, et installer Kedge parmi les business schools qui comptent en Europe, tout en assurant son autonomie financière."
Dès son arrivée fin août 2014, Thomas Froehlicher, le nouveau directeur général, a lancé deux chantiers. D'abord, l'accent est mis sur le management des équipes. "Le rapport de Calypso est une base de travail utile, juge-t-il. Nous allons œuvrer tous ensemble à la réussite de Kedge." Un nouveau DRH, Pierre Maury, a également été nommé.
inventer un "kedge lab"
Deuxième axe, une révision de la stratégie de l'école – qui ne devrait cependant pas déboucher sur une remise en cause radicale. Un important plan d'investissement – 47 millions d'euros sur les cinq prochaines années – a été défini. Il prévoit notamment une rénovation du campus de Marseille et le développement d'un pôle associant design et création digitale à Toulon. Objectif : inventer un "Kedge Lab". L'école entend aussi renforcer son activité d'"executive education", muscler son réseau d'anciens, et enfin lancer plusieurs chaires et "think tanks" en liaison avec les entreprises, afin de dégager de nouvelles ressources.
Forte de 12.000 étudiants inscrits dans ses différents programmes, de 183 professeurs permanents et de 500 collaborateurs à temps plein, Kedge souhaite repartir de l'avant. "La rentrée se déroule de façon satisfaisante, insiste Thomas Froehlicher. Avec nos différents campus, notamment à Suzhou et à Dakar, nous pouvons concilier dimension globale et ancrage local. Mais nous n'avons en interne pas toujours conscience de notre potentiel." Convaincu que Kedge est désormais "sur la bonne voie", Thomas Froehlicher se donne jusqu'à la fin de l'année 2014 pour que "chacun en interne se sente à l'aise avec la stratégie".