“Pour résoudre le problème de l'insertion des étudiants handicapés, il faut, plus que jamais, que les entreprises et les acteurs de la formation coordonnent leurs actions”, souligne Gérard Lefranc, chargé de mission handicap chez Thales et chef de file des entreprises signataires de la convention “Atouts pour tous”. Ce programme partenarial, initié à Toulouse en 2011, associe les universités de Toulouse, le rectorat ainsi que plusieurs ministères (Travail, Agriculture), l'Onisep et le GIPFCIP.
Du côté des entreprises, ce sont principalement des grands groupes – Airbus, Capgemini, Safran... – qui se sont associés à cette démarche. En trois ans, 600.000 euros ont été collectés auprès de ces entreprises. Ce qui s'est traduit par de nombreuses actions : parcours de découverte des métiers, compléments d'interprétariat pour les étudiants malentendants, achat d'équipements, financement de thèses, organisation d'événements. Une opération pilote aujourd'hui reconduite pour trois ans et qui essaime au plan national, des conventions similaires étant signées ou en voie de l'être (Nice, Orléans-Tours, Bordeaux, Lille, Île-de-France).
Le recrutement : un passage délicat
Cette dynamique s'inscrit dans la loi de 2005 qui a fait faire un bond en avant à l'insertion des personnes handicapées. Dans l'enseignement supérieur, un certain nombre d'obligations avaient alors été posées : mise en place de missions handicap, d'aménagements (allongement des études, accompagnement lors des examens par des étudiants...). Cependant, si une réelle prise en compte de la question est faite par les établissements, le niveau d'investissement est très inégal, notamment en termes d'accessibilité physique des campus.
Pourtant, le nombre d'étudiants handicapés progresse régulièrement : il est passé de 695 en 1981 à plus de 15.900 en 2012, dont 14.000 à l'université. Des chiffres à relativiser : les bacheliers handicapés qui poursuivent des études supérieures sont encore peu nombreux. Pis, “l'étudiant handicapé qui finit ses études est une exception culturelle française”, souligne Dominique Le Douce, responsable du développement associatif de L'Adapt, l'une des principales associations nationales d'insertion sociale et professionnelle des handicapés.
L'étudiant handicapé qui finit ses études est une exception culturelle française.
“L'un des principaux enjeux de leur insertion professionnelle, au-delà des aménagements nécessaires, est de contribuer à leur socialisation, afin qu'ils s'intègrent bien dans la communauté étudiante”, explique Dominique Le Douce. Des conditions d'études à améliorer, donc, mais c'est aussi à l'interface avec les entreprises qu'il faut résoudre d'autres problèmes. “Ils doivent anticiper le moment où ils vont devoir convaincre une entreprise de les prendre en stage. Ce qui signifie de bien les informer sur la nature de leur handicap et des aménagements de poste à réaliser”, conseille d'emblée Marc Sprunck, responsable vie étudiante et insertion professionnelle de la Fédération étudiante pour une dynamique études et emploi avec un handicap (Fédéeh).
C'est aussi une petite révolution des esprits qu'il faut accomplir au moment de l'embauche : “Annoncer à des recruteurs qu'ils vont rencontrer des personnes handicapées, c'est quelque chose ! Certains d'entre eux en transpirent d'avance. Il y a beaucoup de sensibilisation à faire”, explique Dominique Le Douce. Pour répondre à cet enjeu, l'Adapt organise, depuis 2004, les Handicafés, depuis 2011 avec la Fédéeh, “des espaces conviviaux implantés dans les forums emploi des grandes écoles et universités, précise Marc Sprunck. Ils sont autant destinés aux étudiants qu'aux jeunes diplômés en situation de handicap, jusqu'à dix ans après le dernier diplôme de formation initiale."
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