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Université Sorbonne-Paris-Cité : fusion or not fusion ?

Morgane Taquet Publié le
Université Sorbonne-Paris-Cité : fusion or not fusion ?
Entre autres actions, Sorbonne-Paris-Cité a mis en place une formation des doctorants à la pédagogie universitaire. // ©  Sophie Blitman
Privée des financements de l'Idex depuis la décision du Premier ministre vendredi 29 avril, l'USPC doit réagir vite, selon Jean-Yves Mérindol. La balle est désormais dans le camp des universités, pour le président de la Comue, qui les invite à fusionner.

La fusion, telle est la solution ! Quatre jours après la décision gouvernementale de stopper le financement de l'Idex université Sorbonne-Paris-Cité, la réponse est désormais on ne peut plus claire pour Jean-Yves Mérindol, le président du regroupement. Les quatre universités (Paris 3, Paris 5, Paris 7 et Paris 13) de l'USPC doivent passer à la vitesse supérieure, et par la case fusion rapidement.

Le président de la Comue, s'est dit "comme les établissements, sous le choc de cette décision", lors d'une conférence de presse mercredi 4 mai. Il affirme ne pas avoir eu de contacts, ni d'explications du gouvernement depuis cette annonce, et estime que "l'avis négatif [du jury] repose entièrement sur les questions institutionnelles". "Le jury a considéré que la fusion des universités était un préalable absolu pour la crédibilité de l'Idex, et donc pour sa poursuite", commente l'USPC dans un communiqué.

Quel calendrier pour la fusion ?

"Comme nous l'indiquions dans notre rapport pour l'évaluation, les discussions autour de la fusion devaient se dérouler en 2018 (au moment du renouvellement des instances pour deux des quatre universités)", rappelle Jean-Yves Mérindol. "Sur la question de la fusion, nous sommes d'accord avec le jury, notre désaccord porte sur le process. Nous souhaitions nous appuyer sur la stabilité institutionnelle de la Comue, et aborder cette question ensuite, pour que la fusion soit simple et évidente."

Mais "le jury a considéré que les questions institutionnelles devaient être réglées d'ici la fin de la période probatoire, regrette le président. La stratégie initiale à laquelle je croyais n'est plus possible, car nous aurons moins d'argent. Il faut donc accélérer le processus de décision pour donner un cadre clair à l'ensemble de la communauté."

Jean-Yves mérindol sur le départ

Par conséquent, le président de la Comue incite les quatre universités à s'engager dans un processus de fusion rapidement, "avec des étapes significatives avant Noël", notamment en saisissant les conseils centraux d'ici à l'été. Pour les quatre autres établissements, ainsi que la FMSH (Fondation Maison des sciences de l'Homme), qui devrait bientôt rejoindre la Comue, "une forme juridique est à définir, qui devra nécessairement être en association avec la nouvelle université fusionnée. Le dispositif léger doit continuer à perdurer."

Concernant la gouvernance de l'USPC, Jean-Yves Mérindol indique que si sa proposition de fusion est rejetée par une université, il démissionnera pour désaccord avec les établissements. 

Mais même si les conseils se prononcent positivement d'ici la fin de l'année, Jean-Yves Mérindol, qui occupe ce poste depuis décembre 2013 et qui a été réélu en avril 2015 pour un mandat de quatre ans, signale vouloir "quitter ce poste", écartant le terme de démission. "Il s'agirait d'une phase nouvelle pour l'USPC, et quelqu'un de nouveau devra symboliser cette dynamique", argue-t-il.

Si nous voulons créer une université puissante avec quatre universités plutôt généralistes, l'outil Comue n'est pas suffisant.
(J.-Y. Mérindol)

UNE DÉCISION QUI REVIENT AUX UNIVERSITÉS

"La balle est désormais dans le camp des universités", estime Jean-Yves Mérindol, qui rappelle que la décision ne peut pas venir de l'UPSC en tant que Comue. "Nous avons eu cette discussion ce matin avec les quatre présidents qui m'ont donné leur accord pour que je m'exprime publiquement sur cette question de la fusion." Une université issue de la fusion des quatre universités représenterait entre 80.000 et 85.000 étudiants.

"La puissance d'un établissement se fait sur un ensemble de recherche, et, pour l'instant, les universités membres à elles seules n'ont pas cette puissance mondiale", avance Jean-Yves Mérindol. En revanche, "une université avec des établissements affiliés est un modèle compréhensible à l'international, explique-t-il. Si nous voulons créer une université puissante avec quatre universités plutôt généralistes, l'outil Comue n'est pas suffisant."

Quid alors de la fusion sans l'argent de l'Idex ? "Nous sommes un très grand site de recherche en France, dans les premiers en termes d'indicateurs bibliométriques au niveau mondial, de prix internationaux... C'est une fierté et une responsabilité. Ce site doit exister", insiste Jean-Yves Mérindol. "Tant mieux si nous avons de l'argent de l'État. Mais la stratégie de la fusion est valable, même sans l'Idex."

Quelles conséquences financières à court terme ?
Sur la question des financements à court terme, la totalité des 78 millions que représente le financement Idex sur quatre ans est engagée, assure le président. De plus, "le budget 2016 est voté, tous les postes financés par l'Idex sur 2016 sont donc maintenus. Les postdocs et contrats doctoraux sont financés jusqu'à la fin des contrats. Les financements des Labex et Idefi continueront d'être assurés indépendamment de l'Idex, et ce jusqu'à fin 2017."

"La période probatoire doit s'achever le 30 juin 2016, mais nous ne savons pas quand les financements s'arrêteront. Sur les 27 millions d'euros que l'USPC touche annuellement pour les investissements d'avenir, nous perdrons 16 millions d'euros et nous ne savons pas comment nous serons accompagnés financièrement", indique le président, qui signale être dans des discussions politiques avec la Région et la Ville de Paris sur ces questions.

Morgane Taquet | Publié le