En 2009, plus de 2 jeunes sur 10 (22 %) vivaient sous le seuil de pauvreté, ce qui signifie qu’il disposait de moins de 964 euros par mois (13,5% de l’ensemble de la population). Un chiffre moyen en hausse : en 2006, 17,6% des jeunes âgés de 18 à 24 ans étaient dans cette situation. Des statistiques qui dissimulent une autre réalité : dans les zones urbaines sensibles, c’est plus de 40% des jeunes qui sont pauvres.
Dans ces conditions, il n’est plus possible de ne parler que d’une seule jeunesse ont souligné les intervenants des premières rencontres de l’Observatoire de la jeunesse. « La question des inégalités entre jeunes a été choisie comme thème central de ce premier rapport pour enrichir un champ de recherche jusqu’à alors davantage focalisé sur les inégalités entre générations » explique ainsi Olivier Toche, directeur de l’INJEP.
Combattre les inégalités par une approche globale
Premier constat mis en avant par ce rapport : l'insertion professionnelle est de plus en plus difficile pour les jeunes sans diplôme, et de plus en plus. Ainsi, en 2010, 48% des jeunes sortis non diplômés du système éducatif trois ans auparavant avaient un emploi, contre 56% pour ceux qui avaient quitté l’école en 2004. Mais si les jeunes non diplômés sont plus souvent mis à l’écart du monde du travail que les jeunes diplômés, la situation de ces derniers s’est aussi dégradée : plus que par le passé, l’accès à l’emploi, à un logement, à l’autonomie financière est compliqué.
Deuxième constat : la crise actuelle ayant des causes conjoncturelles et structurelles, il est nécessaire pour combler ces inégalités de prendre des mesures ciblées sur les jeunes les plus éloignés de l’emploi, mais aussi d’entreprendre, notamment, des réformes structurelles du système éducatif qui, ainsi que l’a souligné une représentante de SOS Racisme « non seulement ne contribue plus à réduire les inégalités mais produit lui-même des inégalités ».
Dans cet ordre d’idées, les auteurs du rapport de l’Observatoire de la jeunesse préconise une redistribution des aides à l’éducation qui aujourd’hui ne touchent que les jeunes des milieux les plus modestes, via les bourses, et ceux des milieux aisés, via les aides fiscales, oubliant les jeunes des classes moyennes.
Troisième constat : les inégalités ont des causes variées qui se cumulent et qui imposent une approche globale si on veut les combattre, ce qui suppose de repenser les principes comme l’égalité des chances, l’équité, l’égalité d’accès, mais aussi l’égalité des droits. Comme l’a souligné Francine Labadie, le mode de fonctionnement de l’Etat français favorise les solidarités familiales, plutôt que d’assurer l’autonomie des jeunes par des aides directes (une demande récurrente de l’UNEF et de la Fage). Une situation qui a pour conséquence de priver beaucoup de jeunes de certains de leurs droits sociaux : droit au logement, au travail, à l’éducation.
Une nécessaire coordination des politiques Jeunesse
Même si ce rapport de 240 pages n’avait pas pour objectif d’émettre des recommandations, on y trouve des pistes de réflexion sur les changements à apporter à la politique jeunesse. Et notamment la nécessité de coordonner les différentes politiques qui touchent les jeunes à l’échelle locale, régionale, nationale, européenne.
Une piste parmi d’autres qui devrait être examinée lors de l’organisation début 2013 d’un comité interministériel de la jeunesse, dont ce rapport est une sorte de rampe de lancement.
- En France, 23% des jeunes sont pauvres
- La série d'articles du Monde "Pauvre jeunesse" : "Le monde qu'on leur propose n'est pas terrible"