Un étudiant, en première année de droit, dont les parents approuvent son cursus est plus enclin à surestimer son futur salaire qu'une étudiante en psychologie dont le père a un niveau d'études infra-bac. L'étude réalisée par l'Institut de Recherche sur l'Education de l'Université de Bourgogne (IREDU) note qu'en moyenne, les étudiants de première année universitaire surévaluent leur futur salaire d'embauche de 9%. Entre 2010 et 2011, les auteurs de l'étude ont interrogé 500 étudiants de l'université bourguignonne, inscrits en filières AES (Administration économique et sociale), droit et psychologie. Les questions portaient sur leur choix d'orientation, mais aussi sur leur projet professionnel et leur environnement familial. Si le panel reste réduit, les conclusions permettent d'observer une différence de comportement selon différents critères.
Premier constat, avant même de comparer salaire estimé et salaire réel, l'appréciation de la future rémunération diffère selon le sexe des sondés. Les jeunes hommes misent en moyenne sur un salaire net mensuel de 1.837 euros lorsque les étudiantes restent à 1.511 euros. Autre différence de taille : la filière. Les étudiants en droit anticipent un salaire de 1.700 € contre 1.370 € pour leurs collègues de psychologie. Enfin, les jeunes ayant un père au moins diplômé du bac s'attendent à obtenir un salaire plus élevé de 200 euros que leurs collègues dont le père n'a pas atteint le baccalauréat (1700€ contre 1500€).
Surestimation en droit, sous-estimation en psycho
Pour comparer ces estimations avec les salaires réels pratiqués sur le marché de l'emploi, l'IREDU s'est basé sur les moyennes de rémunérations établies par le Céreq (centre d'études et de recherches sur les qualifications). Si les étudiants surestiment leur salaire d'embauche de 9% en moyenne, les différences sont importantes selon les filières : en droit, cette surcote atteint 18% alors que les étudiants de psychologie ont sous-estimé leur rémunération de près de 100 euros. Et cet éloignement du réel s'accentue lorsque les jeunes doivent se prononcer sur leur salaire après dix années d'expérience professionnelle : la surestimation atteint alors 28% en moyenne.
Si la sous-estimation des rémunérations pose des problèmes car elle incite les étudiants à ne pas choisir certaines filières, la surestimation a, elle aussi, des effets pervers, note l'IREDU. Le risque de surendettement est bien réel pour les étudiants ayant contracté un emprunt pour financer leurs études et la probabilité de déclassement est plus élevée. Une note de Céreq a d'ailleurs été publiée il y a quelques semaines sur ce sujet.