"Nous voulons que nos écoles prennent pied sur le sol étranger". Telle est l'une des priorités de Ionis Education Group tel que le formule son vice-président exécutif Fabrice Bardèche. Et de détailler cette stratégie : "notre modèle d'implantation ne passe pas par la construction in extenso de campus à l'étranger, mais par la signature d'accords avec des universités existantes. C'est un dispositif beaucoup plus léger, qui nous permet d'agir plus rapidement, sans avoir besoin d'autorisations administratives".
Etre présent en Chine, puis dans le monde anglo-saxon
Première destination visée : la Chine. L'école d'informatique Epitech devrait s'implanter à Pékin à la rentrée 2013 pour y former des étudiants chinois titulaires d'un bachelor, selon la pédagogie par projets largement développée par l'établissement.
De son côté, l'ESME Sudria travaille à deux partenariats qui devraient se concrétiser courant 2013 : le premier permettrait à des élèves français de dernière année de suivre un semestre de cours à Pékin aux côtés d'étudiants de la Beijing Institute of Petrochemical Technology (BIPT). Le second accord en préparation concerne un programme de MSc (mastère en science) en contrôle des systèmes énergétiques, destiné aux jeunes chinois de la Beijing University of Posts and Telecommunications (BUPT). Après un tronc commun en Chine, ceux-ci viendraient étudier à l'ESME Sudria en France puis valideraient leur cursus par un stage.
Outre Pékin, Epitech veut ouvrir trois nouvelles antennes en 2014 en Californie, en Grande-Bretagne et en Espagne, tandis que l'ESME Sudria mûrit le projet de s'installer dans le sud de l'Angleterre. Deux autres écoles du groupe, l'Epita et Sup'Internet devraient leur emboîter le pas et s'implanter à l'étranger dans les mois à venir.
Elargir l'offre de formation en France
Parallèlement, Ionis entend poursuivre son développement en France, tout d'abord en "[dynamisant] la formation tout au long de la vie". Après la création d'un Executive MBA à l'Epitech, l'objectif est désormais de décliner les MBA spécialisés de l'ISG et de Ionis School of Technology & Management en programmes de formation continue.
D'autre part, le groupe affiche sa volonté de "compléter l'offre actuelle" en créant ou un rachetant de nouveaux établissements dans le domaine du luxe et de la mode, ainsi que dans l'univers du design.
Cet élargissement de l'offre de formation fait partie de ce que Marc Drillech, directeur général de Ionis Education Group, appelle les "nouveaux enjeux" du groupe, qui souhaite aussi renforcer la transversalité des parcours. Dans cette perspective, un "campus numérique et créatif" regroupera, courant 2014, plusieurs écoles en plein cœur de Paris : Sup'Internet, E-artsup ainsi que l'ISEG Marketing & Communication School, l'ISEG Business School et l'ISEG Finance School. "Au-delà de la proximité géographique, nous souhaitons véritablement créer des conditions favorables au développement de synergies, sous forme de conférences, de cours ou encore d'un incubateur commun", explique Marc Drillech.
L'aide à l'innovation s'inscrit également dans la stratégie de développement de Ionis : ce sera l'une des missions du fonds de dotation dont le groupe a annoncé la création, et qui vise à "favoriser la formation de jeunes talentueux". Objectif affiché : récolter deux à trois millions d'euros, soit 1 à 2 % du chiffre d'affaires global du groupe aujourd'hui.
Alors que les frais d'inscription dans les écoles représentent aujourd'hui 90 % des 150 millions d'euros de budget de Ionis Education Group, celui-ci lance, à la rentrée 2013, une prépa intégrée gratuite à l'Etna (Ecole des technologies numériques appliquées). L'école d'informatique en alternance qui recrutait jusque là au niveau bac+2 s'apprête ainsi à devenir une école en cinq ans.
Sélectionnés sur dossier et entretien, à partir notamment de critères sociaux, les 250 bacheliers recrutés n'auront donc rien à débourser, mais signeront un engagement moral, sans contrainte juridique. Celui-ci les incitera à contribuer par des dons a posteriori au financement de la formation, à hauteur de 250 € par an à partir de la troisième année, moment où ils seront rémunérés en tant qu'apprentis.
"C'est une petite révolution dans le système de financement des études", insiste Fabrice Bardèche, vice-président exécutif du groupe. Désireux de "créer ainsi une solidarité intergénérationnelle", Ionis parie sur le fait que "la générosité est un moteur plus important que la contrainte pour les jeunes d'aujourd'hui".