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KEDGE dévoile sa stratégie

Cécile Peltier Publié le
KEDGE dévoile sa stratégie
Bordeaux Ecole de management // DR // © 
Se hisser dans le top 15 des business schools européennes. C’est l’objectif affiché par Bernard Belletante, directeur général d’Euromed (Marseille) et Philip McLaughlin, DG de BEM (Bordeaux), qui ont dévoilé mardi 26 mars 2013 « les principaux axes stratégiques » de KEDGE, qui ouvrira ses portes à la rentrée 2013.

Sur le plan juridique, la fusion sera effective dès le 1er juillet 2013 avec la création de l'association loi 1901 chargée de gérer l'école. A cette date, la nouvelle gouvernance prendra ses fonctions. Sans surprise, la direction de ce mastodonte de 78 millions d'euros (budget 2013) et de 8 000 élèves revient au patron d'Euromed, Bernard Belletante ; son homologue de BEM, Philip Mc Laughlin prenant la direction générale déléguée. 

La nouvelle direction, qui vise 158 millions d'euros de budget et 14 000 étudiants  à l'horizon 2017, rejette avec vigueur l'idée d'une « course effrénée à la taille », au profit d'un projet de développement novateur : « Le nouveau plan stratégique prévoit 52 millions d'euros d'investissement dans les 5 ans. Un montant colossal, rendu possible par la définition de nouvelles perspectives », insiste Bernard Belletante, qui identifie trois défis à relever : « la mondialisation, le développement de l'enseignement à distance et la montée de la concurrence ».

En termes organisationnels et financiers, la nouvelle direction, revendique également la carte de l'innovation. L'école, dont le siège social sera situé à Bordeaux, a préféré à une organisation par campus « qui auraient pu être concurrents », un fonctionnement en business units : programmes initiaux, formation executive, recherche & développement innovation et RSE et développement international. « Nos écoles sont devenues des entreprises, il faut les gérer comme telles », assure Bernard Belletante, qui espère à terme pouvoir vivre de ses activités et « se passer des aides publiques». La part des investissements CCI qui représente 5,5 % des 78 millions de budget en 2013, n'atteindra plus que 3 % des 100 millions de budget en 2014.

Développer l'enseignement des étudiants étrangers à l'étranger

Pour  financer son développement, Bernard Belletante compte notamment sur les frais de scolarité et la formation continue à l'étranger, où il espère à terme réaliser entre « 35 et 40 % » de son chiffre d'affaires. « Les pays émergents constituent des opportunités importantes. » Comment ? En développant la formation d'étudiants étrangers pour répondre aux besoins des entreprises européennes. KEDGE veut ainsi renforcer l'accueil d'étudiants étrangers sur ses campus de Marrakech, Dakar et surtout Suzhou: « En Chine, où nous formons actuellement 500 étudiants par an, l'objectif est de passer à 1.700 d'ici cinq ans. »

L'école qui avait annoncé à l'automne l'ouverture d'un nouveau campus européen a finalement choisi Paris. « Nous avons hésité entre Londres, Milan, Bruxelles et nous avons opté pour Paris, qui en termes d'attractivité répond le mieux aux attentes des étudiants étrangers ! », justifie Bernard Bellentante. Cet espace accueillera à compter de septembre 2014  200 étudiants étrangers sur un programme Bachelor dispensé 100% en Anglais (voir encadré). 

Des campus éphémères

A l'heure de l'enseignement à distance et des MOOC, la présence à l'international ne passe pas forcément dans « l'investissement dans des mètres cube de béton », assure Bernard Belletante. Autour du concept de « campus éphémères », l'école prévoit ainsi de développer un enseignement à distance « en part-time », ponctué de rencontres physiques périodiques à raison de 5 par an. Pendant 8 jours, les étudiants d'une zone géographique et une équipe d'enseignants de KEDGE seront réunis dans les locaux d'une entreprise partenaire pour des ateliers de travail en projet, des approfondissements de cours... « Dans un premier temps, nous allons commencer par les MBA et le programme grande école, précise Philip McLaughlin. Les premiers devraient voir le jour en Asie en 2014. »

Recrutement de 40 instructeurs

Pour accompagner ce développement, KEDGE doit recruter de nouveaux professeurs : des enseignants chercheurs, dont le nombre passera de 154 (ETP) à 244 d'ici  2017, ainsi qu'une quarantaine « d'instructeurs ». « Nous allons demander à des chefs d'entreprises, des dirigeants ou des pédagogues de travailler sur l'amélioration du profil de nos étudiants », explique Bernard Belletante. Embauchés à temps plein, ils seront chargés d'accompagner les  jeunes dans tout ce qui ne relève pas purement de l'académique (réalisation de projets, développement personnel, etc.). « Ils devront avoir une capacité à penser mondial, à parler plusieurs langues, pour que les projets mis en place ne consistent pas seulement à gérer le foyer de l'école et savoir combien de bières ont été bues dans la soirée », plaisante Bernard Belletante.

La croissance passe également par le développement de la recherche dont le budget doit doubler pour atteindre 14 millions d'euros par an. « Sur les quatre grands axes que constituent les achats, la logistique, les vins, spiritueux, luxe et le marketing, nous souhaitons être les meilleurs d'ici 5 ans », souhaite Bernard Belletante. L'école va également investir dans un pré-incubateur, des travaux de recherche et des enseignements autour de l'entrepreneuriat social, etc.

Sur le plan pédagogique, KEDGE veut également favoriser la diversité des profils. Ainsi, le groupe qui comprend déjà une école de design à Toulon (Euromed) devrait également englober une école d'ingénieurs du Sud. Un accord est en cours de négociation.

Formations : horizon fusion

BEM et Euromed visent à terme une fusion totale de l'ensemble de leurs programmes. Ce sera le cas dès 2014 pour le programme grande école, même si dès 2013 la note obtenue à l'oral de Marseille vaudra pour Bordeaux, et inversement.

A l'exception de la plate-forme numérique, qui permettra aux élèves davantage de mobilité, « la pédagogie évoluera assez peu », tout comme le contenu du programme. Concernant les formations post-bac, KEDGE proposera également une offre de bachelors, avec des spécificités selon les campus.  De même, « à terme, on se dirige vers un seul programme Cesemed-EBP avec une possibilité de sortir à bac + 4 ou + 5 », assurent les directeurs.

Les catalogues de formation continue d'Euromed et de BEM (actuellement gérée par le Gicfo) seront prochainement fondus.  L'école travaille actuellement sur « une maquette permettant aux étudiants un retour à l'école pour un complément de formation dans les 3 années qui vont suivre leur sortie », explique le futur DG.

Cécile Peltier | Publié le