
Y a-t-il quelque chose de pourri dans l'édition scientifique ? La revue de sociologie "Sociétés", dirigée par Michel Maffesoli, a publié un article entièrement faux intitulé "Automobilités postmodernes : quand l’Autolib’ fait sensation à Paris". L'objectif des auteurs, le doctorant Manuel Quinon et le chercheur au CNRS Arnaud Saint-Martin, est de démontrer par l'absurde le "vide" de la pensée maffesolienne, qu'ils décrivent ainsi sur le blog du journaliste scientifique de "Libération" Sylvestre Huet : "Absolument aucune enquête, pas de données expérimentales ou d'observation, une sociologie réduite à une conjecture, une vision de l'Homme mu par une force dionysiaque que la postmodernité libérerait et qu'il faut plaquer sur toute réalité sociale."
Les auteurs expliquent en détail leur canular sur le site Carnet Zilsel. L'initiative a été relayée par Baptiste Coulmont dans une chronique pour "Le Monde". Et pour cause. Michel Maffesoli est un sociologue très médiatique mais peu apprécié par ses confrères. Il a notamment encadré la thèse controversée de l'astrologue Élizabeth Teissier et bénéficié d'une nomination polémique à la commission du conseil d'administration du CNRS durant les années Sarkozy.
Au-delà de cette querelle de sociologues, ce faux article, très drôle par ailleurs, souligne, encore une fois, les dérives de l'édition scientifique. Si les chercheurs sont évalués sur leur nombre de publications et que le système de peer review sur lequel reposent les journaux scientifiques ne remplit plus son rôle, n'est-il pas temps de repenser le modèle ?