L’arrivée de l’école dans ses nouveaux locaux à la Cité du cinéma à Saint-Denis s’accompagne-t-elle de nouveaux projets ?
Nous avons en projet pour la rentrée 2013, la création d’une classe prépa égalité des chances à destination des élèves boursiers ayant été scolarisés en Seine-Saint-Denis. Le concours d’entrée à l’école entraîne une sélection à la fois scolaire et sociale et l’établissement souffre d’un manque de diversité dans les profils recrutés. Notre objectif est de dire aux jeunes des milieux défavorisés que l’école n’est pas un bunker inaccessible. Pour financer cette classe qui accueillera une trentaine d’élèves inscrits à bac+2, nous avons fait appel à la fondation Culture & Diversité .
Malgré ses 90 ans d’existence, l’école reste encore peu visible dans le monde de l’enseignement supérieur
Par ailleurs, et dès cette année, nous allons développer des actions de sensibilisation en ouvrant nos portes aux lycées du département. Malgré ses 90 ans d’existence, l’école reste encore peu visible dans le monde de l’enseignement supérieur. Outre cette classe égalité des chances, nous envisageons aussi des partenariats avec les universités voisines Paris 8 et Paris 13 ou avec le BTS audiovisuel du lycée Suger.
Par exemple, des chercheurs de Louis-Lumière sont associés au Labex "Arts et médiations humaines" remporté par l’université Paris 8. Pour ce qui de la participation au PRES Paris Lumière, nous voulons bien être partenaire, mais avant de s’engager, il faut voir ce que cela implique concrètement.
Qu’attendez-vous concrètement de ce voisinage avec les studios de la Cité du cinéma initiée par Luc Besson ?
Outre une plus grande visibilité de l’école, cela va permettre aux étudiants de se retrouver dans un espace de production. Ces derniers ne sont pas prisonniers de l’école : ils vont croiser tous les jours, des professionnels venant travailler sur les plateaux ou dans la nef Lumière [le hall d'accueil de la Cité]. Le fait de partager un espace avec d’autres professionnels, va transformer leur vision des études et des métiers et également aider l’école à s’adapter à cet environnement.
Nous n’avons formalisé aucun partenariat avec Luc Besson : la Cité vient d’ouvrir et il faut laisser le temps aux uns et aux autres de s’installer. Mais déjà, nos étudiants de la filière "son" vont par exemple participer à des événements organisés dans la nef Lumière. C’est un vrai défi pour nos élèves de sonoriser un espace aussi immense. Nous pouvons aussi mettre à la disposition des entreprises de la Cité nos laboratoires de mesure et de calibrages, qui constituent un outil professionnel. Enfin, on peut envisager des possibilités de stages sur les productions en tournage à la Cité pour nos étudiants en fin de parcours.
Peu avant l’été 2012, Luc Besson a annoncé l’installation d’une nouvelle école de la Cité, une formation en deux ans gratuite et sans conditions de diplôme. Avez-vous été surprise par cette annonce et considérez-vous ce nouvel établissement comme un concurrent ?
Oui j’ai été surprise mais je ne vis pas cela comme une concurrence. Je suis inquiète pour l’avenir des jeunes de cette école car je ne crois pas à leur intégration. Quand on sait par exemple que la FEMIS ne forme que six jeunes en réalisation et autant en scénario par an, je ne vois pas comment 30 scénaristes et 30 réalisateurs pourront s’intégrer chaque année, même avec la multiplication des chaînes télés.
A Louis-Lumière, nous sommes très prudents sur le fait de ne pas inonder le marché du travail de futurs chômeurs. Nous formons peu de jeunes mais nous les formons très bien : ils deviennent des experts dans leur domaine. Enfin, et tant que le diplôme de cette école n’est pas reconnu, nous ne pourrons pas accueillir leurs étudiants à notre concours après bac+2. Ceci dit, nous avons pris des contacts avec les responsables, et nous sommes dans une position à la fois attentiste et bienveillante.
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