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L’enseignement supérieur fait front contre l'extrême droite

Natacha Lefauconnier Publié le
L’enseignement supérieur fait front contre l'extrême droite
Pour de nombreux représentants universitaires, universités et extrême droite sont incompatibles. // ©  Augustin LE GALL/HAYTHAM-REA
Présidents d’université, directeurs d'écoles d'ingénieurs, enseignants, syndicats… Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 23 avril 2017, a fait réagir les acteurs de l’enseignement supérieur. Avec un objectif commun : faire barrage à Marine Le Pen.

Défendre les valeurs républicaines et faire barrage à l’extrême droite : tels sont les mots martelés par une très large majorité des acteurs de l’enseignement supérieur, suite aux résultats du premier tour de l'élection présidentielle.

À commencer par la Conférence des présidents d'université. "La CPU rappelle que le programme de Marine Le Pen va à l'encontre de toutes les valeurs que nous portons, confirme Gilles Roussel. Nous sommes ouverts sur l'Europe : fermer les frontières ou limiter le nombre d'étudiants et d'enseignants-chercheurs étrangers n'est pas acceptable pour les présidents d'université." Le bureau de la CPU a appelé, dans un communiqué publié lundi soir, à voter contre la candidate du Front national.

Le monde universitaire fait front contre le FN

Sur les réseaux sociaux, des réactions personnelles de présidents d'université vont dans le même sens : "L'ensemble des idéaux universitaires appelle ce soir à faire barrage au Front national", a tweeté dès dimanche soir Matthieu Gallou, président de l’université de Bretagne occidentale.

Une position soutenue également par la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) : "Nous sommes dans une dynamique pour le développement et de rayonnement à l’international de l’enseignement supérieur français. Il est inconcevable de faire de la recherche en étant dans une position de repli et de sortie de l’Union européenne, comme le prévoit le programme de Marine Le Pen", assène François Cansell, président de la Cdefi. 

La Conférence réfléchit à des actions dans les prochains jours, comme elle l’a fait pour la Marche pour les sciences samedi 22 avril.

Même combat pour les syndicats

Même combat du côté des syndicats, fédérations et associations de l'enseignement supérieur. Dès le 18 avril, le Sgen-CFDT publiait un article "Université et Front national : incompatibilité massive", en rappelant que "les universités ont été et sont l’un des premiers lieux de la remise en cause de l’oppression politique". Le message de l’organisation est on ne peut plus clair : "Nous appelons à faire battre massivement le FN, qui n'est pas un parti républicain, en votant Emmanuel Macron", proclame Franck Loureiro, en charge de l’enseignement supérieur. "Pas parce que son programme nous convient, mais parce qu'il reste le seul candidat républicain", précise-t-il.

Les modalités des prochaines actions ont été fixées par un bureau national confédéral extraordinaire, lundi 24 avril. Le Sgen doit réfléchir à des déclinaisons lors d’une commission exécutive, mardi 25 avril.

Au Snesup, "on suit entre les deux tours la même ligne que la FSU", assure Hervé Christofol, secrétaire général du syndicat. Autrement dit : "Pas une voix pour le Front national !", comme il a été décidé lors d'une réunion fédérale, lundi 24 avril. Une directive doublée d'un appel "à faire du 1er mai un grand rassemblement revendicatif, dans l'unité la plus large, pour une société plus juste, plus égalitaire et plus solidaire, et pour dénoncer l'idéologie du Front national présent au second tour de l'élection".

Place de la République - 24 avril 2017

LA FAGE et L'UNEF unis

Du côté des représentants étudiants aussi, la mobilisation s'organise. Un rassemblement républicain s'est déjà tenu, lundi 24 avril à 18 heures, place de la République, à Paris, à l'initiative de SOS Racisme, soutenu par l’UEJF (Union des étudiants juifs de France), l’Unef (Union nationale des étudiants de France), la Fage (Fédération des associations générales étudiantes) et la CFDT.

L'UEJF, la Fage et SOS Racisme organisent également à Paris un "grand concert républicain" dimanche 30 avril 2017, à partir de 15 heures, place de la République. "Le monde antiraciste, la jeunesse et les étudiants refusant de se résoudre à un avenir basé sur le repli sur soi, s’engagent et invitent le monde culturel, artistique et intellectuel à se mobiliser contre l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir", précisent les organisations dans un communiqué de presse, en appelant à voter "pour le candidat républicain Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle".

De même, l’Unef  "refuse le vote de la haine" et demande aux jeunes de se déplacer aux urnes. L’organisation syndicale annonce qu’elle "prendra part aux initiatives qui seront prises et mènera la bataille sur les campus universitaires pour rassembler les jeunes et lutter contre l’extrême droite."

pétition en ligne

Pour tenter de rassembler toutes ces forces en présence, une pétition en ligne contre le Front national a été initiée par l'Appel de l'éducation. Lancée il y a quinze jours, elle a recueilli à ce jour 1.650 signatures. Parmi les premiers signataires, des professeurs en sciences de l’éducation comme Philippe Meirieu (université Lumière-Lyon 2), Éric Debarbieux (université Paris-Est-Créteil), mais aussi des enseignants en IUT, des représentants des organisations syndicales et associatives ou encore un sociologue de l’éducation.

Autre initiative : les 45 organisations membres de l'Esper (Économie sociale partenaire de l’école de la République) appellent "résolument à repousser la double tentation du vote d’extrême droite et de l’abstention, pour faire battre le Front national dimanche 7 mai". 

Des organisations qui auront fort à faire pour convaincre les étudiants... 21 % des 18-24 ans ont voté Marine Le Pen au premier tour de l'élection présidentielle.

Natacha Lefauconnier | Publié le