Si seulement l'autonomie de gestion et de pédagogie recouvrée par l'Escem, le 1er septembre 2015, pouvait la sauver... Tel est le vœu, en cette période de rentrée, formulé par les personnels de l'établissement. Mais ils n'y croient plus vraiment...
La tension est à son comble entre le personnel et la direction, un plan social est en préparation. Sur les 210 emplois que comptent les trois sites d'Orléans, Tours et Poitiers, environ 140 doivent être supprimés.
Des salariés en détresse
"La situation est ubuesque, commente Catherine Aubry, déléguée syndicale CFDT-CCI. Avec le transfert des activités entre France Business School et l'Escem [avec l'autonomie de gestion], les salariés – toujours juridiquement rattachés à FBS – n'ont plus de travail. Et l'Escem est une coquille vide." Les conditions de licenciement ? Pour l'heure, les syndicats disent ne pas avoir de réponse.
La démission début septembre d'Yves Broussoux, président de l'Escem, – réclamée par une motion de défiance votée le 25 août 2015 – n'a pas calmé la situation.
Les syndicats ont déposé, mercredi 2 septembre, un préavis de grève, à durée indéterminée, à compter du mercredi 9 septembre. Sous couvert d'anonymat, un enseignant explique : "les salariés sont dans une situation de détresse totale. Ils fondent en larmes, ou font des crises de nerfs".
Désertion des étudiants
Signe de la désorganisation qui règne : la rentrée a dû être décalée. Près de 400 étudiants ont rebroussé chemin lundi 31 août 2015 pour revenir deux jours plus tard.
En tout, environ 900 étudiants ont fait leur rentrée à l'Escem. Les effectifs ont fondu des deux tiers et les courriers des parents s'accumulent... La décision, en avril dernier, de la CEFDG (Commission d'évaluation des formations et diplômes de gestion) de retirer le grade et le visa de master n'est pas sans lien avec la désertion des étudiants.
DES ÉTUDIANTS RECLASSÉS OU ACCOMPAGNÉS
L'Escem tente d'aider les étudiants du programme grande école en les reclassant dans des écoles concurrentes. La production de lettres de recommandation a été intensive ces derniers mois.
"La réactivité des écoles a été forte, analyse David Cottereau, vice-président de l'Escem. La direction n'a rencontré aucune complication, ni réticence." L'ESC La Rochelle, l'Inseec Paris et Bordeaux, les ESC de Clermont-Ferrand et Brest ont joué le jeu. En tout, une quarantaine d'étudiants ont bénéficié d'un transfert.
Et pour ceux qui n'ont pas voulu ou obtenu de point de chute, David Cottereau "s'engage à être très attentif à leur sort. Avec l'association des anciens diplômés, un processus d'accompagnement sera mis en place pendant et après leur scolarité. Le réseau des anciens jouera à plein pour leur donner accès à des stages intéressants et faciliter leur insertion professionnelle."
Un enseignant soupire : "Dire que l'Escem a été classée au 10e rang national en 2007-2008. France Business school a agi comme une termitière. Quel gâchis !"
Nommé en juin 2015, Roger Dutoit s'est fixé jusqu'au 15 octobre 2015 pour présenter un plan de redressement et de développement. Vendredi 4 septembre, il a assuré à l'AFP : "C'est une année blanche pour nous. Mais nous reprenons 60 salariés permanents, afin de pérenniser l'école. Dès la rentrée 2016, nous présenterons une offre élargie de formations post-bac avec des certifications de niveau 1 (post-licence)", a-t-il assuré.