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Enseignement supérieur français accueille chercheurs étrangers en danger

Catherine de Coppet Publié le
Enseignement supérieur français accueille chercheurs étrangers en danger
Le programme a reçu 55 candidatures en 15 jours. // ©  Marta NASCIMENTO/REA
La Fondation de France a lancé, jeudi 2 mars, un fonds de souscription pour abonder Pause, dispositif d'accueil de chercheurs étrangers en situation d'urgence dans l'enseignement supérieur et la recherche, lancé par le secrétaire d'État, Thierry Mandon le 16 janvier dernier. 25 chercheurs ont déjà été sélectionnés.

Permettre à des chercheurs et doctorants étrangers en situation d'urgence d'être recrutés de façon temporaire dans les établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche français, telle est l'ambition de Pause (Programme d'aide à l'accueil en urgence des scientifiques en exil). Lancé par le secrétaire d'État Thierry Mandon le 16 janvier 2017, le programme s'est vu doté, jeudi 2 mars, d'un fonds de souscription spécifique à la Fondation de France. Piloté par le Collège de France, Pause est coprésidé par Alain Prochiantz, administrateur de l'établissement, et Edith Heard, épigénéticienne et professeure au Collège de France.

Doté d'un comité d'évaluation constitué de personnalités du monde de la recherche, épaulé d'un comité de parrainage d'une quarantaine de membres, plus ouvert sur la société civile, d'Agnès B à Michel Wievorka en passant par Lilian Thuram, le programme consiste à attribuer des subventions aux établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche qui en auront fait la demande, dans le but de recruter des scientifiques "en exil".

Ces subventions vont de 20.000 à 60.000 euros par chercheur. Chaque établissement ayant identifié un chercheur étranger en situation d'urgence peut envoyer à cet effet un dossier de candidature, via une adresse mail unique (pause@college-de-france.fr), s'il s'engage à "recruter le bénéficiaire et à l'accompagner dans ses démarches d'insertion professionnelle et personnelle".

Pour les chercheurs étrangers, les conditions pour intégrer ce programme sont les suivantes : justifier de son statut d'enseignant-chercheur ou de chercheur (doctorants, post-doctorants compris) ; être en situation d'urgence (victime de persécution ou violence du fait de son identité ou de ses croyances) ; être dans l'obligation de s'exiler ou avoir quitté son pays d'origine depuis moins de trois ans.

Financé initialement par le ministère de l'Éducation nationale à hauteur d'un million d'euros, Pause bénéficie notamment du soutien du CNRS (à hauteur de 250.000 euros), partenaire du dispositif, et est désormais ouvert au mécénat privé, via la création de ce fonds de souscription à la Fondation de France. Présent au lancement de ce fonds, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a également indiqué que l'État soutiendrait ce programme : "Je peux vous assurer du soutien du gouvernement à ce programme, dans la durée".

150 chercheurs pourraient être accueillis en 2017

Depuis son lancement, mi-janvier, Pause a réceptionné 55 dossiers de candidatures : le comité d'évaluation en a sélectionné 40, pour finalement n'en retenir que 25. "Ils sont en majorité syriens et turcs", indique Alain Prochiantz, "du côté des domaines de recherche, 50 % des dossiers concernent les sciences humaines et sociales, 50 % les sciences exactes." "Il a été difficile parfois de faire des choix", pointe Edith Heard. Soulignant que "les dossiers arrivent tous les jours", Alain Prochiantz estime que 150 chercheurs pourraient être accueillis dans le dispositif d'ici la fin de l'année 2017.

Quid des chercheurs qui auraient contacté directement le programme Pause ? "Ces candidatures dites orphelines sont également traitées", indique Edith Heard, "Pause a pour vocation également d'identifier les établissements et laboratoires de recherche susceptibles d'accueillir ces personnes. C'est rendu possible notamment grâce au système des parrains, qui constitue un formidable réseau dans le milieu scientifique."

Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a salué, jeudi 2 mars, "la mobilisation de nos établissements de l'enseignement supérieur, qui maintiennent ainsi la tradition d'accueil de la France. Aujourd'hui, des démagogues convoquent les peurs (...). Je ne veux pas que la convocation des peurs organise le déclin scientifique de la France !"

Catherine de Coppet | Publié le