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Littéraires en entreprises : l'opération Phénix à l'épreuve des chiffres

Sophie Blitman Publié le
L'opération Phénix lance sa septième édition le 9 avril 2013. Si le dispositif est une bonne occasion pour de jeunes littéraires d'être recrutés par des entreprises, il peine à prendre véritablement de l'ampleur, notamment en raison de la mauvaise conjoncture économique.

Le principe est désormais bien connu : lancée en 2007, l'opération Phénix vise à permettre le recrutement d'étudiants ou de titulaires de masters 2 de sciences humaines et sociales par l'une des onze entreprises partenaires (Danone, PwC, Renault, L’Oréal, HSBC, Eiffage, la Marine Nationale, Axa, Coca-Cola, la BRED ainsi que la SSII Helpline).

Le symbole se veut fort mais dans les faits, l'opération Phénix ne concerne qu'un nombre limité de jeunes : une petite trentaine en moyenne chaque année.

Un bilan 2012 mitigé

En 2012, seulement 14 candidats ont finalement été recrutés par les entreprises partenaires. Coordinateur de l'opération Phénix, Bernard Deforge dressait en octobre 2012 un bilan de l'opération sur son blog : sans vouloir se décourager, il reconnaît que cette session lui a laissé "un goût amer".

Principale cause, selon lui : la mauvaise conjoncture. "Certaines entreprises ont décidé d'arrêter le processus de recrutement qu'elles avaient entamé, raconte-t-il, soulignant que les gels d'embauche sont nombreux et touchent également les Phénix".

Les gels d'embauche sont nombreux et touchent également les Phénix (B.Deforge)

Des perspectives 2013 moroses

Et 2013 n'annonce pas vraiment d'amélioration sur le plan économique. "Certaines entreprises restent dans le dispositif mais nous ont d'ores et déjà annoncé qu'elles n'allaient pas recruter", témoigne Bernard Deforge. De fait, les types de postes ouverts dans le cadre de Phénix sont publiés sur le site de l'opération, et seules huit entreprises sur onze en proposent : Coca-Cola, Renault et Eiffage n'y apparaissent pas.

Néanmoins, le coordinateur espère tout de même atteindre "20 à 25 recrutements en 2013".

Questions d'état d'esprit

Mais au-delà de la crise économique, d'autres facteurs peuvent expliquer que l'opération ne décolle pas. D'une part, "les étudiants qui se lancent dans Phénix sont dans une démarche dynamique de projet professionnel, relève Bernard Deforge : ils sont parfois aussi candidats, à titre individuel, dans d'autres entreprises, tandis que certains postulent à des écoles de commerce". Des raisons qui peuvent les conduire à refuser de prendre le poste pour lequel ils avaient été retenus dans le cadre de Phénix : en 2012, cela a été le cas de "7 ou 8 candidats", se souvient Bernard Deforge.

Par ailleurs, si les mentalités évoluent, les idées reçues sont tenaces et il est encore loin d'être évident, pour les jeunes comme pour les employeurs, que les compétences des littéraires peuvent être utiles en entreprise. Quant aux universités, "certaines ne s'y intéressent pas ou ont d'autres priorités, voire ne sont pas favorables à ce que les étudiants en sciences humaines aillent travailler en entreprise : cette idéologie-là existe toujours", constate Bernard Deforge.

Quid des déclinaisons régionales ?

Les fondateurs de l'opération Phénix espéraient que le forum parisien, qu'ils organisent chaque année, allait être dupliqué dans des villes de province. En 2012, Strasbourg et Toulouse étaient évoquées. 

Seule la première s'est effectivement lancée, le 2 avril 2013, mais le site de l'université de Strasbourg n'affiche que deux entreprises partenaires, PwC et la société alsacienne Heuft. "C'est un démarrage", veut croire Bernard Deforge, conscient de l'enjeu de ces déclinaisons régionales qui "témoigneraient de la réussite de Phénix : cela voudrait dire que la philosophie de l'opération entre dans les mœurs". Reste à voir si l'université de Strasbourg renouvellera l'opération en 2014 et si elle sera suivie par d'autres, peut-être à Clermont-Ferrand.

Sophie Blitman | Publié le