L'ouverture sociale, un thème en vogue. Entre coups de communication et réelle politique sociale, la frontière est ténue. “D'où l'intérêt d'élaborer un outil qui permet de voir les actions au-delà de la plaquette”, tranche Benjamin Blavier, délégué général de l'association Passeport Avenir. Le baromètre de son association a collecté les réponses de 15 écoles d'ingénieurs, 14 écoles de commerce et 2 universités.
Des actions de sensibilisation “en amont”
Premier constat : les établissements multiplient les actions d'ouverture sociale pour “aller chercher les jeunes à la source”, dans les lycées et dans les collèges. Ils développent en moyenne deux ou trois programmes de sensibilisation, labellisés Cordées de la réussite ou non, qui leur permettent de toucher 285 jeunes chacun. Budget moyen par école : 220.000 €. À Centrale Marseille, par exemple, le programme “Échanges phocéens” cible cinq collèges et six lycées des quartiers nord de la ville. De la quatrième à la terminale, les élèves du programme bénéficient pendant cinq ans de séances de tutorat et d'activités culturelles avec des étudiants de l'école d'ingénieurs.
D'autres écoles visent les étudiants du supérieur pour leur recrutement sur titre. L'ESSEC a ainsi mis en place une prépa égalité des chances à destination des étudiants de M1. En parallèle de leur année d'études, ceux-ci reçoivent un accompagnement par des étudiants de la business school. Si le dispositif concerne peu d'élèves, il a fait la preuve de son efficacité.
un accompagnement jusqu'au diplôme
Côté budget, les écoles interrogées consacrent en moyenne 427.000 € par an aux bourses sur critères sociaux, selon le baromètre, en complément des bourses d'État. La question du financement étant l'un des premiers freins à la poursuite d'études. En outre, elles enregistrent en moyenne 2,6 partenariats avec des entreprises pour financer ces aides. À titre d'exemple, Télécom SudParis propose des aides aux étudiants d'origine modeste pour leur permettre d'effectuer un échange universitaire à l'international, obligatoire dans le cursus. 24 élèves ont bénéficié du dispositif en 2013.
Et qu'en est-il de l'ouverture sociale au sein de ces établissements ? En moyenne, ils accueillent 32 % de boursiers d'État, dont 7 % relèvent de l'échelon le plus fort (6). “Mais attention, les taux de boursiers sont à mettre en perspective avec les taux d'apprentis, note Benjamin Blavier. En effet, les apprentis étant des salariés, ils ne peuvent pas être boursiers.” Les écoles privilégiant l'apprentissage peuvent donc afficher un taux de boursiers faible alors qu'elles accueillent un nombre plus important d'étudiants issus de milieux défavorisés qui ont choisi l'alternance. En moyenne, les établissements sondés comptent 13 % d'apprentis.
Renforcer les partenariats écoles et entreprises
En conclusion, le baromètre souligne la nécessité de renforcer les partenariats entres les établisssements d'enseignement supérieur et le monde de l'entreprise. “Les entreprises veulent à la fois avoir plus de diversité dans les équipes dirigeantes et continuer à recruter des profils excellemment formés. Or, elles constatent souvent que ces profils ne sortent pas sur le marché”, souligne le délégué général de Passeport Avenir.
Une volonté commune d'ouverture sociale qui implique forcément des moyens financiers. “Les écoles et les universités ne peuvent en effet pas mettre en place les programmes d'aide uniquement sur leurs propres deniers ou en ayant recours aux seuls fonds publics”, conclut Benjamin Blavier. Avis aux entreprises…
Le baromètre Passeport Avenir a collecté les réponses de 15 écoles d'ingénieurs, 14 écoles de commerce et 2 universités. Une majorité de grandes écoles donc. “Notre association vise à accompagner des jeunes issus de milieux populaires dans des parcours d'études supérieures à très forte valeur ajoutée sur le marché de l'emploi, justifie le délégué général, Benjamin Blavier. Nous n'en sommes qu'au début de notre démarche avec les universités dont l'offre de formation est très large.”
Pour mesurer l'ouverture des établissements, Passeport Avenir a retenu huit critères, parmi lesquels les programmes à destination des élèves dans les collèges et les lycées, la diversité des voies de recrutement et le taux de boursiers CROUS.
À noter : le baromètre ne dévoile que des moyennes générales concernant l'ensemble des établissements. “Nous n'avons pas voulu donner le détail par établissement car il est très difficile de faire des comparaisons entre des écoles d'ingénieurs publiques, aux frais d'inscription très faibles, et des écoles de commerce, par exemple”, estime Benjamin Blavier.