"Tous les indicateurs sont au rouge." C'est ainsi que l'IGAENR (Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche) qualifie la situation financière de l'université d'Orléans, dans une note d'étape remise au président Ary Bruand il y a quelques jours. Cette mission, réalisée cet été et à la rentrée, intervient à la demande du président récemment élu à la tête de l'université.
"L'université présente, pour la première fois depuis son accession aux RCE (Responsabilités et compétences élargies), un déficit de 402.660 euros à l'issue de l'exercice 2015, une situation qui n'est pas conjoncturelle," écrit l'IGAENR.
"Une analyse, même rapide, des conditions de l'équilibre des comptes depuis 2011, aurait permis de s'apercevoir que la situation positive, présentée à l'issue des exercices 2011,2012 et 2014 n'avait été obtenue que grâce à la prise en charge de recettes exceptionnelles pour des montants tout à fait significatifs."
L'inspection générale pointe notamment les charges de personnel, "en progression constante depuis 2011, et qui représentent, en 2015, 83,3 % des recettes encaissables, taux qui se situe au-delà du seuil jugé critique par le ministère [83 %]."
Conséquence de la situation budgétaire "catastrophique", la situation du fonds de roulement est également inquiétante, assure Ary Bruand. En effet, "à la fin 2015, il était négatif de - 521.808 euros", indique l'IGAENR, mais, compte tenu d'opérations en cours non encore réalisées, "le fonds de roulement réel 2015 se monterait plus probablement à - 7,2 millions d'euros."
UN FONCTIONNEMENT DÉFICITAIRE ANCIEN
Un fonctionnement déficitaire que le nouveau président impute à son prédécesseur Youssoufi Touré, nommé recteur de Guyane en mars dernier. "Il n'a pas fait œuvre de bonne gestion, c'est le moins que l'on puisse dire, assure-t-il. Le fonctionnement est déficitaire depuis des années, et rien n'a été fait. Nous aurions dû réagir plus tôt, ce qui aurait empêché de nous enfoncer dans le déficit."
De son côté, le rectorat de l'académie d'Orléans-Tours a réagi dans un communiqué le 10 octobre. "Le suivi de cette université a été assuré de manière précise et il s'est traduit par une série de demandes exprimées auprès de la direction de l'établissement l'invitant à prendre des mesures correctives et refusant même parfois les propositions de budget qui étaient présentées", écrivent les services académiques, évoquant une dizaine d'alertes et d'échanges, entre septembre 2011 et décembre 2015, auprès de l'université.
DES ÉCONOMIES D'ICI FIN 2016
Dans la foulée de la publication du rapport des inspecteurs, l'université doit désormais adopter un budget rectificatif pour 2016, qui prendra la forme de plan d'économies, lors du conseil d'administration, vendredi 14 octobre.
"Ce budget rectificatif présente des réductions, notamment sur les dépenses de fonctionnement (- 1 million d'euros environ), et la masse salariale (- 300.000 euros environ) avec des mesures 'classiques' de non-ouverture de postes, de recours à des contractuels, à des heures complémentaires, etc.", détaille Ary Bruand. "Le budget rectificatif, validé par le rectorat, sera présenté avec un résultat légèrement positif", précise le président.
encore de la trésorerie
Mais si les comptes sont dans le rouge, l'université d'Orléans n'est pas au bord de la cessation de paiement, assure le président. "La trésorerie est alimentée par des avances liées aux contrats de recherche, aux programmes d'investissements d'avenir, au CPER (contrat de plan État-région). La trésorerie est donc pour le moment positive, il n'y aura pas de problématiques de paie pour les personnels", affirme le président.
Ce que vient confirmer l'inspection : "la trésorerie est encore suffisante pour couvrir le cycle d'exploitation puisqu'elle se monte à 10,5 millions d'euros, ce qui correspond à un mois de paie environ. Cependant, cette situation ne va pas durer (...) La montée en puissance des dépenses sur les dispositifs du PIA, l'achèvement des opérations financées par le CPER devraient rapidement réduire ces montants."
vers un plan de retour à l'équilibre
Dans cette période critique, le président souhaite éviter la mise sous tutelle de l'université, mesure qui peut intervenir après deux années de suite de déficit d'exercice. "Je souhaite garder la maîtrise, c'est faisable dans un premier temps, avec des efforts à très court terme. Ce budget rectificatif est le début du travail. Le véritable renouveau viendra du budget 2017 et du plan de retour à l'équilibre."
Pour 2017, l'équipe présidentielle prévoit d'atteindre 5,6 millions d'euros d'économies pour un retour à l'équilibre des comptes en 2018. Un budget en préparation, encore à discuter avec l'IGAENR, qui accompagnera l'université dans les prochains mois.