Passer à un stade plus industriel. Tel est l’objectif du label "Établissement certifié numérique", lancé par la CGE (Conférence des grandes écoles). Mercredi 19 octobre 2016, lors d’une journée de réflexion stratégique dédiée au numérique, la Conférence a officialisé sa volonté d’habiliter ses membres à délivrer des formations entièrement réalisées à distance.
Rattraper le royaume-uni et l'Australie
"La transformation numérique modifie notre façon d’apprendre, les compétences requises et, par conséquent, les formations", argumente Francis Jouanjean, délégué général de la CGE. C’est sur cette vague de changement que nous souhaitons surfer, afin, notamment, de permettre à la France de rattraper les pays à la pointe en matière de formation à distance, comme le Royaume-Uni et l’Australie.
"L'enseignement à distance est un élément important pour améliorer la formation continue, mais est aussi un vecteur d’influence pour le pays et un moyen d’augmenter sa visibilité et ses cibles", estime le délégué général.
Actuellement, certaines formations labellisées CGE – mastères spécialisés (MS), Master of Science (MSc), CQC (certificat qualification et compétences), badges – se font déjà en partie à distance. Les MSc peuvent être enseignés jusqu’à 80 % en non-présentiel. La CGE souhaite donc franchir une nouvelle étape et permettre à des formations d'atteindre les 100 %.
des habilitations pour l’établissement et la formation
La labellisation, qui devrait être effective dès la rentrée 2017, s'établira en deux phases. D'abord, les écoles demanderont à être "certifiées numérique". Pour y répondre favorablement, la CGE vérifiera certaines conditions, grâce à un comité d’habilitation numérique : "L’expérience de l’établissement dans l’enseignement numérique sera étudiée de près, tout comme la maîtrise de l’outil de formation numérique, la manière dont est construite sa pédagogie à distance et la façon de vérifier l’acquisition des compétences de ses étudiants", détaille Francis Jouanjean.
Ce comité sera composé de six à huit membres, parmi lesquels un référent académique, des responsables de formations numériques hors CGE, des responsables d’entreprises et d’écoles experts dans le domaine du numérique et un expert juridique de la propriété intellectuelle.
Après cette première phase de labellisation de l’établissement, celle de la formation commencera. "Comme pour les diplômes classiques, l’école déposera un dossier pour la formation qu’elle souhaite enseigner entièrement à distance et la commission d’accréditation décidera de sa labellisation CGE", ajoute-t-il.
Objectif : 50 FORMATIONS D’ICI 2019
Ces nouvelles formations devraient naître rapidement. C'est en tout cas le souhait de la CGE. Entre novembre 2016 et janvier 2017, deux écoles volontaires – une école de commerce et une école d’ingénieur – testeront une formation numérique entièrement à distance. "La mise en application et les premiers dépôts de dossiers devraient intervenir dès début 2017, avec l’objectif de débuter les premières formations à la rentrée 2017", indique le délégué général.
La certification numérique sera délivrée aux établissements pour une durée de cinq ans. Quant aux formations, elles seront, dans un premier temps, habilitées pour un an. Puis, en fonction des résultats (nombre d’étudiants inscrits, insertion professionnelle, etc.), elles pourront l'être à nouveau pour un, trois ou six ans. "Si nous avons, d’ici deux à trois ans, une cinquantaine de formations délivrées entièrement à distance sur les 600 actuellement labellisées CGE, ce serait très bien", évalue Francis Jouanjean.